• Ei tuloksia

2 SYNTAXE DU MODE SUBJONCTIF DANS LE CORPUS ÉTUDIÉ

2.2 Proposition subordonnée

2.2.3 Propositions adverbiales

2.2.3.3 Subordonnées finales

subjonctif se rencontrent dans les chroniques, nouvelles et contes. Ce résultat s’explique par la conjonction comme, très fréquente dans La traduction française de la Chronographia Johannis de Beka et dans Les Cent nouvelles nouvelles. D’après Wunderli (1970 : 512–519), l'indicatif domine dans les subordonnées causales du moyen français à l’exception de celles introduites par les locutions négatives non que, non pas que, non mie pour chose que, etc. et par l'influence du latin après comme.

L'emploi du subjonctif ne diminue pas dans les causales en moyen français par rapport à l'ancien français.

2.2.3.3 Subordonnées finales

Le rapport de finalité et le rapport de conséquence sont voisins. Selon Moignet (1959 : 455–457), la position d'un procès dans la perspective d'un autre procès peut avoir pour effet de suggérer qu'il constitue une conséquence logique du premier. Si la mise en perspective du second procès se fait par des moyens grammaticaux recourant à la subordination, il s’agit d’une proposition consécutive. La proposition finale est un cas particulier, où la conséquence est suggérée par la volition d'une personne. Le subjonctif y est employé pour les mêmes raisons que dans les subordonnées dépendant de verbes de volition ou dans les indépendantes volitives. Le tableau 26 présente les attestations des constructions finales.

TABLEAU 26 La répartition des modes dans les subordonnées finales.

conjonction/

locution 1300–1350 1350–1450 1450–1550 subj. ind. cond. subj. ind. cond. subj. ind. cond.

affin que 2 107+18* 2 283+61* 11

a celle fin que 2+1* 1 8+4* 1

a(d) ce que 14 2

par/pour

quoy 1 15 6

pour que 1 2

pour ce que 15+2* 4 12

si que 5 4

par si que 1

que 2 11 25+2*

total 26+2* 0 0 158+19* 3 0 338+67* 12 0

522+88*

La locution finale la plus fréquente de notre corpus est affin que : sur les 403 attestations de cette locution, 390 présentent le subjonctif. La variation morphologique entre l’imparfait du subjonctif et le passé simple est envisageable mais peu probable. Les formes ambiguës sont au nombre de 3 sur

13 ; la forme fut est cependant toujours considérée comme indicative par Martin et al. (2012 : s. v. être). Notre corpus présente 79* verbes de la subordonnée qui pourraient relever de l'indicatif. Comme la syntaxe ne diffère pas des autres exemples rencontrés et qu'il s'agit dans tous les cas d'un but à réaliser, le mode est le plus probablement le subjonctif, comme c'est le cas dans 96,8 % des formes explicites. Voici quelques passages :

(508) Selon le Rosne t'en iras, Environ trois lieues petites,

Afin que miex vers Dieu t'aquittes. (MirND, p. 40, 1148) (509) Elle n’est pas pour moy venue,

mes pour vous, affin que croyez

ce que vous oyez et voyez (MystJM, p. 222, 15756) que Dieu, du ciel, pour vous m’envoye.

(510) Pour ce vouldroy ge conseillié Que tantost venir vous faissié Bon chevalier et bon sergent, Et leurs donnons de nostre argent

Affin qu’i gardoent volentiers (Biard, p. 132, 1731) Le corps du malvais patonier.

De même, selon Marchello-Nizia (1997 : 374) et Jensen (1974 : 84), la locution afin que est la locution le plus fréquemment utilisée pour indiquer le but du XVe au XVIIe siècle.

Bien que le subjonctif soit de règle dans les subordonnées finales, selon Bement (1934 : 66), après la locution affin que on peut encore rencontrer l'indicatif (futur) au XVIIe siècle. Dans les 13 cas de notre corpus, le temps n'est cependant pas le futur. Plus de la moitié des occurrences (7/13) se rencontre dans Les Arrêts d’Amour de Martial d’Auvergne et le verbe de la subordonnée y est au passé simple en référence au passé.

(511) priant à ladicte Court que voulsist audit lieu – – envoier ses ambassadeurs et deputez, afin que conclusion peut estre prise en ladicte matiere (Journal, p. 340)

(512) Disoit oultre qu'il estoit vrai que pour l'entretenir en amour et affin qu'il luy souvint de luy, il luy avoit baillé plusieurs bagues et joyaulx (Arrêts, p. 64, 9–11)

(513) Las, devant le peuple tout nuz l'amena,

Tout ensanglanté, quar sur luy n'y avoit que plae, Affin que le peuple le delivra (Biard, p. 121, 1437)

Et qu'onn en eusse de luy pitié.

L'emploi de l'indicatif dans l’exemple 511 est original. Comme une proposition finale présente toujours un aspect volitif et que cet aspect est encore renforcé par la fonction du verbe volitif vouloir, le subjonctif devrait s’imposer.

L'explication de l'indicatif réside vraisemblablement dans un double effet de

volition : d'une part, l'indicatif sert à indiquer le but à réaliser, et de l'autre, le verbe pouvoir comprend un aspect de modalité.

La locution a celle fin que se rencontre dans Les Fortunes et adversitez de Jean Regnier :

(514) Helas, ma seur, quant devers vous j'estoye A ung tel jour de mes biens vous donnoye, Et en prison fault que mon temps s'en aille, Or n'est il moys que vers vous je n'envoye

A celle fin qu'a mon fait on pourvoye ; (F&A, p. 123, 3483) Mais je n'y voy appoinctement qui vaille.

(515) Je prie Dieu que tresbonne nouvelle Il vous envoye de vostre partement ; A celle fin, que en la saison nouvelle

Vostre joye du tout se renouvelle, (F&A, p. 164, 4673) Et que puissiez trouver loyal amant

(516) Chascun vers Dieu humblement s'umilie A celle fin, que quant la mort viendra, Que l'ennemy qui sur tous a envie

Ne leur puisse reproucher de leur vie (F&A, p. 186, 197)

Regnier utilise systématiquement les formes verbales envoye et pourvoye pour le présent de l'indicatif et du subjonctif sans recours à d'autres formes du type enveit, envoit pour le subjonctif. Comme les attestations de la locution a celle fin que sont peu nombreuses chez Regnier et Froissart (v. l'ex. 519), il est impossible de donner une vue d’ensemble de l'emploi du mode dans les textes de 1350 à 1450. En ce qui concerne les textes plus tardifs, la locution a celle fin que se rencontre dans tous les genres littéraires.

(517) Encores fault il que l’en face Unes vigilles assés briefves,

A celle fin que l’en parface (RTS, p. 230, 179) Le service, si aurés treves.

(518) ordonna qu'il fust couchié blanc et mol comme a luy bien appartenoit et en beaux draps tous neufz qui sentoient a plaine gorge les roses de Provins, qu'elle luy tira de son coffre a celle fin qu'il dormist mieulx (Arrêts, p. 106, 259–263)

Les deux attestations de la locution a celle fin que que nous considérons comme relevant de l'indicatif se rencontrent dans les Chroniques de Froissart et dans Le Roman de Jehan de Paris :

(519) seront tous leurs noms escrips et raporté par devers le cappitaine, à celle fin que ceulx qui ens citez et bonnes villes entreront, ne pourront plus retourner en Galisse (ChrF, p.

107–108)

(520) il trouva ses fourriers qui avoient acoustré les logis le plus sumptueusement que l'on pourroit deviser, car les cuysiniers et maistres d'hostelz alloient tousjours devant a celle fin que tout fut prest quant il seroit arrivé (Jehan, p. 33, 11–15)

L'emploi occasionnel du futur dans les subordonnées finales s'explique par analogie sémantique. Tout comme le subjonctif, le futur exprime une actualisation partielle. Les deux conviennent à l'expression finale dans la mesure où le contenu de la subordonnée est présenté comme un objectif à réaliser. Dans l’exemple 520, comme il est question d’un but déjà réalisé, l’auteur utilise le passé simple fut au lieu de l’imparfait du subjonctif fust.

La locution a(d) ce que est toujours suivie du subjonctif dans notre corpus : (521) Avant, mes amis ! Labourez

A ce que tout soit nettement (Grisel, p. 91, 2364) Ordonné

(522) Et ad ce que aucun soit ou doive estre dit comte, vicomte ou baron, convient qu'il ait soubz luy ung ou plusieurs qui aient droit de chastellenie. (Poictou, p. 29)

(523) Neantmains toutesfoiz il vint ung gentilhomme qui fist arriere requerre nostre damoiselle bergiere, et la vouloit seulement avoir vestue et habillée comme a son estat appartenoit, sans aultre chose. A laquelle chose le frere d'elle eust voluntiers entendu, et cuida mener sa seur ad ce qu'elle s'i consentist.

(CNN, p. 359, 72–78)

Selon Jensen (1974 : 83), la locution a ce que connaît la fréquence la plus élevée du XIVe au XVIe siècle, ce qui est confirmé par notre corpus. D’après Borlé (1927 : 84), à ce que serait peu fréquent aussi bien en ancien français qu'à la fin du XVe et au XVIe siècle. Même notre corpus indique une baisse de fréquence considérable dans les textes de la période tardive.

Selon de Waard (1933 : 90), la locution par quoy indique à l'origine le moyen de l'action indiquée dans la phrase précédente, pour prendre ensuite une nuance finale. Par quoy est suivi 21 fois du subjonctif dans notre corpus, dont 13 attestations du verbe pouvoir dans Bérinus. En voici quelques exemples :

(524) Et vous dy a briefz mos que demain serez pendu, car il est sorti que cellui qui vendroit couchier avec moy a emblé le tresor mon pere, et pour ce je vous ay marqué de mon pauch, par quoy on vous puist congnoistre entre les autres. (Bérin, p. 42)

(525) ne feussent ycelles lettres enregistrées, superscriptes au dos, ne signées par moy en aucune maniere, par quoy on peust dire ou arguer que la Court eust approuvé lesdictes lettres (Journal, 286) (526) Vous devés chevaulcher entour ces gens, qui sont en bataille,

tellement qu'il ne leur viengne nulz vivres et, s'ilz en ont, les

tenir si longuement qu'ilz les menguent ; parquoy leur soit force qu'ilz marchent devant vous. (Jouven, p. 155)

Parmi les conjonctions et locutions finales du corpus, par quoy est la plus fréquente après affin que et que. Une variante de la locution finale par quoy est pour quoy, rencontrée une seule fois au sens final :

(527) N'avoir ne puis longue durée Se tu ne me fais apporter

Nouvelles, pour quoy transporter

Je me puissë en ma contree. (F&A, p. 22, 558)

Selon Bement (1934 : 67–68), la locution par quoy n'est plus fréquente au XVIe siècle. Son successeur est dont, exceptionnel au sens final.

En ce qui concerne les locutions pour que et pour ce que, la distinction entre les propositions finales et causales semble clairement marquée. La proposition finale comporte un verbe au subjonctif, tandis que le verbe de la causale est à l'indicatif (v. l’ex. 530).

(528) Je t'avoie fait chevalier,

Pour ce que les maulx delaissasses

Et que de bien faire pensasses, (MirND, p. 3, 6) Conme bon chevalier doit faire

(529) Se nous voullons que a mercy Dieu nous prenne, Soyons songneux de nostre concience,

[Pour] qu’a noz jours la mort ne nous souprenne. (RTF, p. 140, 1307)

(530) L'autre cause de l'esloingnement du Roy jusques à Provins estoit pour ce que le Roy, estant à Provins, pourra avoir plus aiseement secours de ses vassaulz (Journal, p. 237)

D’après Marchello-Nizia (1997 : 374), la locution finale pour ce que ne serait plus employée après le XIVe siècle. Notre corpus en présente cependant 12 attestations du XVe siècle, par exemple dans Les Cent nouvelles nouvelles et La Passion de Biard :

(531) Et car elle ne savoit ou le sauver, pour ce que ou grenier ne l’eust jamais envoyé, elle le fist bouter en la ruelle du lit (CNN, p. 243, 81–83)

(532) Batre le feray et destranchier

De deux hommes et a grand courgie,

Pour ce que ses meffais ne die. (Biard, p. 95, 738)

D’après Gamillscheg (1957 : 712), la locution finale pour que se rencontre dans La chanson de Roland. Selon le chercheur allemand, pour que final disparaît au XVe siècle pour réapparaître au XVIe siècle. La locution pour que est très rare

dans le corpus. Un seul exemple du corpus de l'ancien français et les deux attestations rencontrées du début du XVIe siècle semblent étayer la thèse de Gamillscheg, mais sont insuffisantes pour l'affirmer. Selon de Waard (1933 : 84–85), la locution pour ce que prit la fonction de pour que entre le XIVe et le XVIe siècle. En ancien français, pour ce que avait concurrencé pour que. D’après les Remarques sur la langue française de Vaugelas (1981 : 49–50), la locution pour que était utilisée surtout dans le français de la vallée de la Loire au XVIIe siècle. Bien qu’elle fût courte et commode, Vaugelas n’en recommanda pas l’emploi, puisqu’on s’en sert en " plusieurs façons qui ne valent toutes rien ".

Selon Marchello-Nizia (1997 : 374) et Borlé (1927 : 149), la locution si que suivie de l'indicatif signifie 'de sorte que'. Par conséquent, elle exprime une conséquence, à la différence de si que suivi du subjonctif, qui prend le sens final de 'afin que, pour que'. Notre corpus présente quatre attestations de si que final suivi du subjonctif contre 34 si que consécutif suivi de l'indicatif. Dans les exemples suivants, si que marque un but dont la réalisation n’est que désirée.

(533) S'on ne me pende par le col,

Au queux le [héron] baurray a plumer, Si qu'il soit prest a desjuner (Grisel, p. 6, 152)

Au moins sera ce d'avantaige.

(534) Et se Dieu plaist, elle avra hoir De mon seigneur prouchainement, Qu'enceinte est ja grandement.

Dieu l'en face a joye delivre,

Si qu'elle ait hoir qui puisse vivre (Grisel, p. 42, 1089) A l'honneur et au bien publique.

(535) Soit bailliez a bonne nourrice Qui tressouëfment le nourrisse

Si qu'il croisse fort et amende. (Grisel, p. 60, 1547)

Outre si que, la locution par si que suivi du subjonctif exprime un but. Le corpus la présente une seule fois au sens final dans L'Estoire de Griseldis :

(536) Voulsist une autre dame prendre De hault estat, dont l’alÿance Lui creüst honneur et vaillance, Et laissier celle qu’il a prise,

Qui povre estoit et entreprise D’avoir le jour qu’il l'espousa.

Si m'a envoyé par deça Pour vous de par lui deprïer Que ce lui veuilliez ottroyer,

Par si que ce lui soit loisible (Grisel, p. 73, 1893)

D’après Jensen (1974 : 81–82), les multiples emplois de la conjonction que le rendraient moins populaire en moyen français. Cette affirmation n’est pas

confirmée par notre corpus, qui présente 36 attestations de que final suivi du subjonctif :

(537) Regardez : au chien s'en va la ; Oster li veult son os sanz faille.

Et le chien aux dens, qu'il ne faille, (MirND, p. 52, 1502) Le tient forment.

(538) Arestons, et faisons bon guet, Et ne faisons pas grand caquet,

Que l’on ne nous vienne attraper, (RGS, p. 197, 429) Car ilz viendront sur nous fraper.

(539) Je passe oultre, point ne m’arreste

Que ne fusse a l’artillerie, (Cherré, p. 64, 482) Ou toute la chevalerie

Des ennemys estoit ensemble.

De plus, la conjonction que finale se rencontre surtout après un impératif dans la principale :

(540) Vous qui voulez si fiérement Le tresor de ceens veoir, Qui estes vous ? Dites me voir, Que je le sache. (MirND, p. 11, 243) (541) Tu scez a quoy tu te soubmis

A l'heure que te feis partir, Fais ton devoir vers mes amys,

Que d'icy puisse departir (F&A, p. 53, 1412)

Dans les subordonnées finales, le subjonctif domine donc dès l’ancien français. Même dans les cas où la morphologie ne consent pas une identification inéquivoque du mode (*), il s'agit cependant d'un but à réaliser. Par conséquent nous avons interprété même ces formes comme représentant le subjonctif. Les recherches de Wunderli (1970 : 530–538) démontrent la même tendance dans l'emploi du mode.