• Ei tuloksia

2 SYNTAXE DU MODE SUBJONCTIF DANS LE CORPUS ÉTUDIÉ

2.2 Proposition subordonnée

2.2.2 Propositions adjectives

2.2.2.1 But, conséquence

Comme nous l'avons déjà constaté dans le chapitre 1.5.2 (v. p. 61), l'emploi des modes dans les propositions relatives de l'ancien français ne diffère pas sensiblement de celui de la syntaxe moderne. L'indicatif et le subjonctif sont possibles dans les propositions relatives. Le mode des subordonnées relatives est conditionné par l'accent mis sur le substantif ou le pronom antécédent dans la proposition principale. La distinction entre la relative explicative et la relative déterminative revêt une grande importance. Dans la relative explicative il s’agit d’un rapport d'apposition avec l'antécédent. La syntaxe modale y suit celle des propositions indépendantes. Nous rencontrons dans notre corpus les cas suivants :

1. l'indicatif dans tous les cas (cf. l’étude de Jokinen 1978), sauf un :

(322) En fevrier et en mars que le soleil commenche a nous regarder, les arbres et les herbes prennent seve et getent leurs bourgons, et en celle maniere et pour celle cause reprennent les cerfs seve, c'est le sanc et la vertu, qui leur vient en la teste et es membres, par quoi leur cornes commencent a venir. (Modus, p. 13) (323) ung homme n'a pas bon sens, qui est en joies et delices du

monde come en jeunesse garnie de franche voulenté, et de son propre mouvement, sans necessité, trouve l'entree d'une estroicte chartre douloureuse et plaine de plours et se boute dedens ; et quant il est liens enclos, on lui ferme la porte, qui est de fer fermant a grosses barres, et est si estroictement tenu que jamés pour nulles prieres ne avoir ne peut saillir (QJM, p. 1) 2. le subjonctif exprimant l'éventualité dans un cas :

(324) Et aucunesfois il ne plest pas au mary et, pour ce, emprent avecques sa cousine, sa commere et son cousin, qui a l'aventure ne lui est rien, mais elle est acoustumé ainxin dire, et pour cause, et sa mere mesmes, qui soit aucuneffois des besoignes, a dit au pouvre home qu'il est cousin, pour lui esclarcir le cuer s’il l’avoit chargié qu’il la vendroit querre.(QJM, p. 14)

La première relative explicative, dont l'antécédent est son cousin, contient un élément de doute, l'aventure ('peut-être'). Il est cependant plus probable qu'il ne s'agit pas d'un cousin de la femme, ce qui explique l'emploi de l'indicatif. En ce qui concerne la deuxième relative explicative, la mère ne mentira que dans un cas éventuel. Chez Montaigne (Micha 1969 : 191), nous rencontrons un exemple comparable, dans lequel la mise en débat de l'idée entraîne le subjonctif de la relative : comme Euripides est en doute si la vie que nous vivons est vie, ou si c'est ce que nous appellons mort, qui soit vie.

La relative déterminative apporte à l'antécédent une détermination restrictive nécessaire à l'expression. Le rôle y est alors celui d'une épithète.

L'antécédent et la relative forment ainsi un ensemble syntaxique étroitement lié.

L'antécédent peut être un nom précédé ou non d’un complément ou d’un pronom démonstratif, indéfini ou possessif. Il peut également être implicite, impliqué dans le pronom relatif. Le mode est conditionné par la signification de l’ensemble antécédent + relative ou relative sans antécédent. Le mode y est l'indicatif si l'objectif du discours requiert l’actualisation de l’ensemble :

(325) Seneschal, se Diex vous ament,

Estes vous celui qui esté (MirND, p. 69, 2029) Avez pour nous ? en verité

Pour mon ennemi vous tenoie : A quoy faire vous mentiroie ? Je le vous dy.

(326) Ce trompeur la est bien becjaune quant, pour vingt et quatre solz l'aulne,

a prins drap qui n'en vault pas vingt. (Pathelin, p. 80, 351) (327) Et ad ce propos dit Seneque en son livre des Vertus que l'omme

qui veult estre sage ou qui veult donner sain conseil, il doit avoir regart aux choses a venir, lesqueles il pourra congnoistre par les choses passees. (Fillastre, p. 145, 137–140)

Une autre explication pour l'indicatif dans les propositions relatives pourrait être l'emploi de ce mode pour attribuer un caractère positif à l'objet du désir, de la volonté, de la supposition, etc. :

(328) Ne plus ne moins je n'y mectray, Regardez se scaurez comprendre

En ung cueur qui est doulx et tendre (F&A, p. 6, 107)

Grant voulenté le fait apprendre Ne doubtez, ainsi le scaurez.

Dans une minorité de cas (cf. l’étude de Jokinen 1978), le mode est le subjonctif en moyen français. Le couple antécédent – relative + verbe au subjonctif peut revêtir de nombreuses formes, dont la fréquence est présentée dans le tableau 21 :

TABLEAU 21 La fréquence des constructions antécédent – relative + verbe au subjonctif.

construction + pronom relatif +

relative 1300–1350 1350–1450 1450–1550

article indéfini+N

3 8+1* 18

article zéro+N 9 21+1* 41+2*

article défini+N 2 5+1* 18+1*

tel+N 12

tout+(art.déf.)+N 3 1

(un) autre+(N) 1 3 6

aucun+(N) 1 3

celui 1 8+2*

chacun 1

plusieurs 1

pron. poss.+N 6 5

qui 1 3 17

ou 1 3 2

un qui 2 1

2–3 des N 1

total 22 66+3* 120+5* 208+8*

Abréviation : N = nom

Toutes les phrases relatives se rangent sous la règle générale : le subjonctif est employé chaque fois que l'antécédent déterminé par la relative est soit nié, soit mis en doute. Dans la suite, nous examinerons des exemples de chaque catégorie du tableau 21 :

1. article indéfini + N + pronom relatif + relative

Le subjonctif s’emploie dans les propositions relatives marquant un but ou une intention :

(329) Si loeroie, voir, que, comme La chose soit bonne et loisible, Nous en preïssons un sensible

Qui la parole prononçast (Grisel, p. 9, 227) Pour tous et au marquis moustrast

Ceste besoigne saigement.

(330) Après faudra avoir un homme qui sache jouer d’un bourdon, et une eschelle de corde qui sera debout et qui sera pour tout recouvrer (Jouven, p. 79)

Quant à la relative déterminative, on peut aussi rencontrer l’imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif de l'hypothèse sans avenir :

(331) si orent grant merveille de lui et de son cheval qui de telle coullour sembloit, ne ilz ne pouoient penser que ce pouoit estre, fors qu'ilz cuidoient tout certainement que ce fust uns fantosmes qui eüst prins fourme humaine (Bérin, p. 3)

(332) Certes, sire, je ne croy mie

Qu'onques en feust une autre tele.

C'est une trespovre pucelle, Fille d'un povre laboureur

Qui feust or mors a grant doleur (Grisel, p. 29, 756) De foiblesse et de povreté,

Se n'eüst celle fille esté Qui le sert si diligemment.

Moignet (1979 : 230) a également rencontré l’imparfait du subjonctif dans une subordonnée relative après une principale hypothétique. Notre corpus ne présente aucune attestation du verbe de la principale au conditionnel morphologique, mais l’imparfait vouloye de l'exemple 333 signifie ‘voudrais’ :

(333) Je croy que tu ne me congnoiz, Rifflart. Que deable vuels tu faire ? Compter te vouloye un affaire

Dont tu eüsses eu grant feste. (Grisel, p. 99, 2572) – –

Certainement, j'en ay grant joye.

C'est grant honneur a bergerie.

En outre, l’imparfait du subjonctif sert à exprimer l’éventualité :

(334) Ung jour, nostre bon clerc, voyant son maistre assez content de luy, emprint de parler et tout seul treshumblement, et doulcement et en grand reverence luy dist qu'il avoit en son cueur ung secret que voluntiers luy decelast s'il osoit. (CNN, p.

93, 58–63)

(335) Et puis, quant vint au decerrer, le frapa de la patte de son chaperon ou il y avoit une esguille et une espingle de laquelle il eust la joue toute esgratinee, qui depuis est devenue enflee et ne sera d'icy a trois mois qu'il n'y payre. Arrêts, p. 14, 10–14)

Notons que dans l'exemple 335 la variation morphologique entre l’imparfait du subjonctif et le passé simple pourrait être possible, mais est improbable, parce que dans 172 cas de la forme verbale eust rencontrés dans Les Arrêts d’Amour de Martial d’Auvergne il s'agit du subjonctif.

2. article zéro + N + pronom relatif + relative

L’omission de l’article semble être plus répandue que l’article indéfini dans l’antécédent d’une construction relative. En voici quelques exemples au subjonctif :

(336) Toutesvoies conme homme sage Pria Dieu, de devost courage, Que s'il avenoit qu'il eust

Engendré fruit qui li pleust, (MirND, p. 27, 748) Que tel le feist, ains sa fin

Qu'amer peust Dieu de cuer fin, Et li servir si bonnement

Qu'en gloire pardurablement Regnast

(337) Et si, par amour incités, venés en aucunes cités, logés vous en maison delivre

ou paisiblement puissés vivre (MystJM, p. 90, 6732) 3. article défini + N + pronom relatif + relative

En relative déterminative, le mode est conditionné par le caractère actuel (indicatif) ou virtuel (subjonctif) de l'antécédent. Lorsque l'antécédent déclare une déviation par rapport à la tendance générale, on relève le subjonctif en moyen français. En outre, le subjonctif peut prendre une valeur potentielle ('pourrait être') dans les relatives dont l'antécédent est défini :

(338) celluy qui liève par rachapt a tous les fruitz de la terre qui viennent de ladite année, il aura lesditz chevaulx de service que deust avoir l'éritier ou successeur du vassal (Poictou, p. 233) (339) Ainsi desconfit le Jouvencel ses ennemiz par la congnoissance

qu’il eust de la guerre. (Jouven, p. 146)

En français moderne la subordonnée relative au subjonctif n'est admise qu'après un substantif indéterminé, tandis qu'en moyen français, le substantif pouvait être déterminé47. A la lumière du corpus, cette tendance est assez rare, vu que nous ne l'avons repérée que dans 12,4 % des cas (23/186).

47 Dans un cas exceptionnel, le français moderne emploie le subjonctif dans la relative après un substantif déterminé (v. p. 71).

4. tel + (N )+ pronom relatif + relative

Dans le corpus de 1350 à 1450, le pronom tel est 12 fois inclus dans l’antécédent d’une proposition consécutive :

(340) Si lui recommende humblement Le sort de mon marïement, Esperant en sa bonté bele Qu'il me ottroit a femme tele

Avec qui vivre puisse en paix (Grisel, p. 17, 461)

(341) l'on le puet quicter et renuncier comme dit est en laissant ladite chose en bon estat et telle qu'elle puisse porter ladite rente (Poictou, p. 156)

5. tout + (art. déf.) + N + pronom relatif + relative

Selon Moignet (1959 : 608), l’emploi du subjonctif est une nouveauté au XIIIe siècle dans les propositions relatives dont l’antécédent est tout comportant l’idée de totalité. Il en a relevé des exemples assez nombreux. De notre côté, nous n’avons rencontré que quatre fois le subjonctif dans une proposition relative dépendant d’un substantif déterminé par tout. Trois des passages proviennent du corpus de l’ancien français (Erec) et un seul de La traduction française de la Chronographia Johannis de Beka en moyen français :

(342) tant fust ore greigneur bonne aventure et greigneur joye que Gauvain ledesloyal eust mort receue en ceste bataille que cest preudom, qui tant povoit et tant valoit, et qui estoit loyal sur tous les chevaliers que je oncques cogneusse (Erec, p. 198, 600–604)

(343) manda secretement a ses cappitaines que non obstant tous appointemens ou trattiers qui se peussent faire, ilz passassent oultre et entraissent a toute puissance en Zeellande et donnaissent bataille a Florent (Beka, p. 123, 7–10)

Haase (1935 : 178) a encore rencontré cet emploi au XVIIe siècle. Notre corpus ne présente pas la même tendance, puisque seul un des exemples date du XVIe siècle. La construction tout + (art. déf.) + N + pronom relatif + relative suivie du subjonctif semble se rencontrer plutôt dans les textes en ancien français. Le subjonctif employé dans la Chronographia Johannis de Beka pourrait s'expliquer par le fait qu'il s’agit d’une traduction du latin en français.

6. (art. indéf.) + autre + (N) + pronom relatif + relative

La construction (art. indéf.) + autre + (N) + pronom relatif + relative se rencontre neuf fois dans notre corpus, dont voici quelques exemples :

(344) se il faut a prendre l'oisel a quoi il vollera et il s'assiet ou a terre ou en un arbre,si l'apelle, et se il revient a toi, si le pes ; mes tu dois metre grant paine que il ne faille mie au premier, que tu puisses, et en volle au premier a gros oisiaus, comme aus perdriaus ou a austres que il ne puisse mie enporter (Modus, p.

226)

(345) Ou si quelque ung a piece estrange de billon ou autre metal

dont il ne sçache le detail, (MystJM, p. 73, 5462) aporte, tant que le jour dure !

Le subjonctif des exemples précédents s'explique par le caractère hypothétique de la proposition.

7.aucun + (N) + pronom relatif + relative

Selon Brunot (1922 : 117–118), le pronom indéfini aucun avait originairement un sens positif équivalant à 'quelque' ou à ‘quelqu’un’. A partir du XVIIe siècle, le sens d'aucun devient négatif, signifiant nul. Nous avons rencontré trois exemples de cette construction suivie du subjonctif dans les textes de 1350 à 1450. Les textes de la période tardive ne présentent aucune attestation.

(346) dames et damoiseles, chascune peut avoir son esprevrier et en voler en gibiers, et doit avoir la dame aucun qui li puisse baillier son esprevier quant il ara pris l'aloe ou la perdris (Modus, p.

227)

(347) le senneschal fait aucun exploict dont soit appellé ou relevé à court souveraine (Poictou, p. 97)

(348) celuy qui fait hommage lige d'aucun fief onquel ait houstel ou aultre lieu qui soit chief de hommage (Poictou, p. 227)

Dans un seul passage de notre corpus, aucuns signifie plutôt 'certains'. Le verbe de la relative est à l'indicatif, puisqu'il s'agit d'un fait réel.

(349) Si a aucuns en la ville ou en païs qui dient qu'il est bon homme (QJM, p. 99–100)

8. pronom démonstratif celui + pronom relatif + relative

Dans les passages suivants, le pronom démonstratif celui peut être comparé à un article indéfini. L’emploi du subjonctif s’explique par le caractère consécutif de la proposition :

(350) Tant en devises que aultrement se passerent tant d'heures que le jour estoit voisin et prochain a celuy qui plus voluntiers dormist

que nulle aultre chose feist. (CNN, p. 122, 70–73)

(351) Cellui qui premiers me joignist a lui, lasse moy ! il emporta mes vraies amours, et veul qu'il les ait tousjours et qu'il les garde en son sepulcre avecques lui. (Saintré, p. 4)

9. pronom indéfini chacun + pronom relatif + relative

Le subjonctif de la construction pronom indéfini chacun + pronom relatif + relative s'explique par l’influence de l'adverbe mieulz :

(352) Et lors fut garny de trois dez et dist : " A la fortune de chascun ! Ceulz qui plus avront de poins a la veue de l'eul choisira. " Lors chascun qui mieulz peust et sceust l'en remercia (Saintré, p. 235) 10. pronom indéfini plusieurs + N + pronom relatif + relative

L’exemple 353 comporte une condition, ce qui conduit à l’emploi du subjonctif dans la relative après l’antécédent pluseurs :

(353) Et en y avoit pluseurs qui eussent bien voulu estre tousjours arrière des horions, combien qu’ilz feissent grant manière de desirer le hustin. (Jouven, p. 109)

11. pronom possessif + N + pronom relatif + relative

Dans les constructions où l’antécédent est accompagné d’un pronom possessif, le subjonctif peut avoir une valeur potentielle ('pourrait être'), comme c'est le cas du verbe des relatives à l'antécédent défini. En voici quelques exemples :

(354) Je doubte que nous ne soyons Maulditz, car c'est par noz pechez

Parquoy esclandre nous ayons, (F&A, p. 68, 1859) Car trop fort sommes entachez,

Nous en avons tous les meschiefz Et les tourmens quë endurons.

(355) Maistre Julien, qui avoit oÿ de damp Abbés et de Madame les deduis des chasses qu'ilz faisoient, n'en pensa gueres mains de la verité, print congié d'elle et tira son chemin ou il peust aler le soir au gicte (Saintré, p. 261)

12. sans antécédent + pronom relatif qui + relative

D'après Jokinen (1978 : 3), le pronom relatif qui sans antécédent est très fréquent en moyen français. Le mode employé est presque toujours l’indicatif.

Même si la relative indéfinie sans antécédent est le plus souvent à l'indicatif, le subjonctif est possible. Le subjonctif y est conditionné par le caractère virtuel de l'antécédent déclarant une déviation par rapport à la tendance générale. Nous en avons rencontré 20 exemples. Nous pouvons distinguer trois constructions dans lesquelles se rencontre le pronom relatif qui sans antécédent :

a) La proposition relative est le sujet du verbe :

(356) Or vous diray que ceulx que le bacheler merqua avoient plus grant merque ou front que cellui que Milie avoit merqué et, avec ce, avoit son poulse toullié et honny, et par ce on l'eüst certainement recongneü, qui bien s'en feust donné garde. (Bérin, p. 52)

(357) Pour vous dire, sotz, seurement Peu de gens sont au temps qui court

Qui n'en soient fourrez largement, (RTS, p. 84, 168) Soient gens de ville ou de court

Qui ne soient fourrez brief et court.

Dans ces exemples, qui équivaut à celui qui.

b) La relative est reprise par le pronom il dans la principale : (358) et qui diroit a vostre mere

que ne feussiez filz vostre pere,

il auroit grant fain de tancer (Pathelin, p. 62, 149)

(359) Et quant l'en le voulut faire approucher du feu que l'en fist en la cuisine pour l'eschauffer, il commença a soy esvanouyr, et, brief, qui ne l'eust a coup secouru, il estoit mort. (Arrêts, p. 102, 118–122)

(360) Valere Grec, grant justicier et seur, qui en l'office fut mon predecesseur, fist l'evesché de Judee mettre a pris

au plus offrant dernier encherisseur :

qui plus en donne il jouyst de l'onneur. (MystJM, p. 30, 2395) c) La personne ou l’objet représenté par qui est absent de la principale : (361) Ainxin est gouverné le bon homme, qui a vescu

honnourablement, et se gouvernast bien et son mesnage, qui le voulist croire. (QJM, p. 76)

(362) Qui me paiast, je m’en alasse. (Pathelin, p. 106, 603)

Comme cette construction est plutôt assimilée à l'hypothétique ‘Si l’on me payait, je m’en irais’, nous traiterons ces exemples dans le chapitre 2.2.3.6 Subordonnées hypothétiques et conditionnelles (v. p. 228).

13. sans antécédent + pronom relatif où + relative

Si la proposition relative n’a pas d’antécédent, elle doit être assimilée à une relative dépendant d’un antécédent indéfini. Ainsi, le mode peut être subjonctif s’il s’agit de l'irréel du passé (l'ex. 363). Dans l'exemple 364, la construction relative prend une valeur générique, dont il résultera un subjonctif.

(363) Celle nuit se logierrent les Anglès emprez où la bataille eust esté faitte, laquelle fut faitte par ung mardi l'an M CCC XLVI, aprez la Saint Michiel. (ChrB, p. 129)

(364) Et quant il respond qu'il aura advis, il doit assigner lieu, jour et heure audit requérant de rendre ledit advis s'il en est requis, lequel lieu soit placé où ledit requérant puisse et ose aller et que ladite heure ne passe point ledit jour naturel, ou aultrement l'on en puet appeller. (Poictou, p. 166)

Selon Jokinen (1978 : 201), en ancien français où pouvait signifier ‘chez qui’

(cf. Godefroy 1880–1902 (1961), 10 : 248) après un antécédent désignant une personne individuelle :

(365) si el eust voulu, el eust esté mariee a ung grant chevalier ou el fust maintenant en grans honneurs, mais elle ne vouloit avoir aultre que vous (QJM , p. 112)

14. un + pronom relatif + relative

Comme il s’agit d’une valeur générique dans les propositions 366, 367 et 368, le mode employé dans la relative est le subjonctif :

(366) chascun se consenteïst a son elleccion, quel que elle le voulsist prendre, povre ou riche, car mielx vauldroit qu'il feust a sa plaisance qu'elle en prenist un qui feust contre son cuer (Bérin, p. 159)

(367) Et ad ce que aucun soit ou doive estre dit comte, vicomte ou baron, convient qu'il ait soubz luy ung ou plusieurs qui aient droit de chastellenie. (Poictou, p.29)

15. 2–3 des N + pronom relatif + relative

(368) Et qu’il renvoye à la repeue vers vous deux ou trois hommes, dont il en y ait ung bien entendu, qui vous rapporte des nouvelles de ce qu’ilz auront trouvé sur le paiz. (Jouven, p. 185)

16. les relatives imbriquées

Un autre tour intéressant, bien que rare (2), se rencontre dans notre corpus.

Il s'agit d'un système imbriqué48 (conjonctive + relative) dans lequel on rattache à un nom un système de deux verbes. Le premier joue le rôle du verbe principal par rapport au second. C'est le second qui est en relation avec l'antécédent. La seconde proposition est donc à la fois conjonctive et relative. Dans le cas de deux que, il semble logique de considérer que le premier est un pronom relatif, puisqu'il suit l'antécédent, et le second la conjonction, puisqu'il est entre les deux verbes que cette conjonction doit relier.

(369) une robe de parement qu'i a bien cincq ou six ans qu'il a (QJM, p. 28)

Dans l'exemple 369, le premier que est un relatif renvoyant à robe et complément d'objet de il a, tandis que le second est une conjonction de temps.

D’après Gougenheim (1974 : 99), cette sorte d'anacoluthe (= rupture ou discontinuité dans la construction d'une phrase) est fréquente encore au XVIe siècle dans cette tournure. Selon Härmä (1979 : 21), les relatives imbriquée sont toujours fréquentes en français moderne. Notons que le mode est l'indicatif dans

D’après Gougenheim (1974 : 99), cette sorte d'anacoluthe (= rupture ou discontinuité dans la construction d'une phrase) est fréquente encore au XVIe siècle dans cette tournure. Selon Härmä (1979 : 21), les relatives imbriquée sont toujours fréquentes en français moderne. Notons que le mode est l'indicatif dans