• Ei tuloksia

PARTIE I – CADRE THÉORIQUE

4.4 Développement des requêtes en L2

4.4.5 Sommaire et hypothèses pour la présente étude

l’acte de requête en L2. Nous les avons examinées des points de vue pertinents pour l’analyse de la présente étude : les stratégies directes et indirectes, les différents modificateurs et la référence à l’interlocuteur.

Le caractère (in)direct des requêtes a été sans doute l’aspect le plus examiné. Les études montrent que les locuteurs L2 ont tendance à utiliser plus de stratégies directes que les locuteurs L1, et que cette tendance diminue au cours de l’acquisition générale. Toutefois, la majorité des études se sont concentrées sur les langues qui ont une nette préférence pour les stratégies indirectes – lorsque les stratégies directes sont préférées dans la langue cible, le développement progresse de façon non-linéaire : à un certain point dans l’acquisition, les apprenants utilisent plus de stratégies indirectes que les locuteurs L1.

Quant aux modificateurs internes, les études antérieures montrent que de façon générale, les locuteurs L2 en emploient moins que les locuteurs L1.

Quant à la distinction entre les modificateurs internes (morpho)syntaxiques et lexicaux, les résultats varient considérablement selon les études. Un résultat clair est toutefois la tendance des locuteurs L2 d’utiliser excessivement les marqueurs de politesse (please, por favor etc.).

En ce qui concerne les modificateurs externes, certaines études ont trouvé un suremploi de ces éléments (« phénomène de baratin »), tandis qu’une tendance opposée a également été observée. Il semble toutefois clair que les locuteurs L2 ont tendance à se servir plutôt de la modification externe qu’interne, et que la distribution et la formulation exacte des modificateurs externes correspond rarement à celles des locuteurs L1.

Des différences dans les préférences ont également été trouvées dans l’emploi des perspectives de requête, bien que cet aspect ait été nettement moins examiné. Il semble que les différences entre la L1 et la langue cible des apprenants ait un effet sur ces préférences. Il s’agit toutefois d’un aspect peu saillant pour les locuteurs, ce qui gêne l’acquisition des perspectives de requête.

Quant aux pronoms d’adresse, ils n’ont pas été examinés spécifiquement dans les requêtes, mais les études antérieures montrent que l’acquisition des pronoms d’adresse français pose des problèmes importants aux locuteurs L2.

Ces difficultés varient au moins selon l’âge et la L1 des apprenants ainsi que le contexte d’apprentissage.

De façon générale, nous pouvons constater que les langues en question ont un effet important sur l’acquisition et la formulation des requêtes en L2.

Lorsque les préférences diffèrent entre la L1 et la langue cible des apprenants, cela semble compliquer l’acquisition. Nous voulons toutefois souligner que les méthodes dans la collecte des données varient considérablement entre les études examinées, et que le choix de la méthode semble influencer plusieurs aspects dans la formulation de requête en L2. Il est clair que les méthodes à l’écrit permettent aux informateurs de réfléchir à leurs réponses, tandis que les contraintes dans le traitement cognitif sont plus importantes lorsque les méthodes orales sont utilisées. Par conséquent, il faut rester prudent dans la comparaison des études.

À partir de l’examen des études antérieures, nous avons établi les hypothèses pour la présente étude. Nous nous attendons à que l’acquisition des stratégies de requête progresse de façon linéaire, allant des stratégies directes aux stratégies indirectes chez les locuteurs finnophones de français L2, étant donné que les stratégies indirectes sont préférées aussi bien en français qu’en finnois. En ce qui concerne les modificateurs internes, nous pensons que ces locuteurs ont tendance à les sous-utiliser, ce qui correspondrait à la tendance générale attestée dans les études antérieures.

Toutefois, en nous reposant sur nos expériences personnelles, sur les caractéristiques des requêtes finnoises (v. 3.2) et sur les résultats de notre étude antérieure (Holttinen, 2017), nous supposons que les locuteurs finnophones de FLE utilisent moins le marqueur de politesse s’il te/vous plaît que les locuteurs de français L1. De même, nous croyons que le conditionnel n’est pas sous-employé mais surutilisé au niveau avancé. Quant aux modificateurs externes, nous nous doutons que notamment les locuteurs plus avancés montrent une tendance à en utiliser trop selon le principe du

« phénomène de baratin ». La distribution de ces éléments diffère

probablement de celle en français L1. Les stratégies « d’évitement » ont souvent été soulignées lorsque la politesse finlandaise est discutée (p. ex. Yli-Vakkuri, 2005) ; par conséquent, notre hypothèse est que les locuteurs finnophones de FLE ont moins souvent recours à la perspective vers l’interlocuteur que les locuteurs de français L1. Or, étant donné que la préférence pour le tutoiement est forte en finnois, nous croyons que ces locuteurs transfèrent partiellement cette préférence également en français L2 et utilisent le tu dans des contextes où les francophones L1 ne le feraient pas.

En somme, nos hypothèses sont les suivantes :

Comparés aux locuteurs de français L1, les locuteurs finnophones de FLE utilisent

1) plus de stratégies directes – cette préférence diminue aux niveaux plus avancés

2) moins de modificateurs internes – cela concerne également les marqueurs de politesse, mais le rôle du conditionnel est important au niveau avancé

3) plus de modificateurs externes (notamment aux niveaux plus avancés) – la distribution des modificateurs diffère de celle en français L1 4) moins de perspective vers l’interlocuteur

5) plus de T

En somme, les hypothèses se basent sur ce que les études antérieures ont montré sur les tendances générales dans l’acquisition des requêtes en L2, mais aussi sur ce qu’on sait des préférences dans la formulation des requêtes en finnois et en français (v. ch. 3). Étant donné qu’il s’agit d’une affaire complexe dans l’acquisition de la compétence pragmatique et que les résultats des études antérieures divergent considérablement, il est important d’examiner l’influence de la L1 à différents stades dans le développement. Le choix de la méthode est également essentiel pour l’interprétation des résultats. Par conséquent, nous prêterons attention à l’effet de la L1 et à celui des méthodes utilisées dans la discussion des résultats (v. ch. 9). Dans le chapitre suivant, nous expliquerons les choix méthodologiques et les étapes prises dans la présente étude.