• Ei tuloksia

4. D’autres phénomènes prosodiques de la contextualisation

4.6. Récapitulatif du chapitre 4

Dans ce chapitre, nous avons présenté cinq phénomènes prosodiques qui – à la manière des phénomènes dits « principaux » de notre thèse (cf. 2 et 3) – constituent des « indices de contextualisation » (Gumperz, 1982, 1992 ; Auer, 1992, 1995) dans le discours. Les formes acoustiques et les fonctions discursives de ces phénomènes deuxième dénomination que nous lui avons donnée, le « contour creux » consiste en une chute intonative saillante ; la phase creuse, consistant en des chutes parallèles de la F0 et de l’intensité, est immédiatement suivie de fortes montées des deux paramètres. Typiquement, ces variations sont répétées plusieurs fois à l’intérieur du

même TCU. La « figure soulignante », quant à elle, consiste en une sorte de combinaison du « contour creux » et de la figure HB (cf. 2) ; autrement dit, ce phénomène se caractérise par une phase intonative rabaissée immédiatement suivie d’un pic mélodique vers le haut et d’un pic mélodique vers le bas.

Les formes acoustique du schéma é/s/p (la « figure à la boxe française » ; cf.

4.2) et du schéma >HBHB< (la « figure bousculante » ; cf. 4.3) sont nettement plus complexes que celles des deux phénomènes mentionnés ci-dessus. En effet, le schéma é/s/p (la « figure à la boxe française ») consiste en une répétition systématique ou quasi-systématique des traits suivants : 1) montée mélodique saillante au moment de la production de la dernière syllabe de chaque groupe rythmique, 2) montée saillante de l’intensité couplée à la montée de F0, 3) pause facilement perceptible déclenchée d’une manière explosive après chaque montée intonative. Le schéma >HBHB< (la « figure bousculante »), quant à lui, constitue une sorte de variante de la figure ondulatoire (cf. 3) et du schéma é/s/p (la « figure à la boxe française »). Ce schéma consiste en des montées et des chutes mélodiques successives associées à des variations parallèles de l’intensité. Les mots portant ces variations sont produits de manière enchaînée et le segment concerné est également marqué par une forte accélération du débit.

La forme acoustique de la prosodie dite zéro (cf. 4.5), quant à elle, est très différente des autres phénomènes : en effet, la prosodie zéro se caractérise par un manque saillant de variations de la F0 et de l’intensité ainsi que par un débit invariable et l’absence de pauses. Ainsi, contrairement à tous les autres phénomènes présentés dans notre thèse, qui consistent en des variations saillantes de différents paramètres prosodiques, cette prosodie dite zéro consiste en un manque saillant de toute variation.

Les fonctions discursives de ces phénomènes sont avant tout modales et elles se répartissent avant tout sur les plans sémantique, épistémique et coénonciatif (cf.

1.4.2). D’une manière générale, les fonctions typiques de ces phénomènes semblent être liées notamment à ces deux aspects : 1) à l’indication de la valeur informative de ce qui est dit, et 2) à l’indication du niveau de l’adhésion personnelle du locuteur.

Typiquement, ces deux aspects sont liés l’un à l’autre de manière qu’un phénomène contribuant à indiquer une valeur informative élevée est également lié à l’expression d’une adhésion personnelle forte et inversement, un phénomène servant à indiquer une valeur informative basse est le plus souvent également lié à l’expression d’une adhésion personnelle faible. Nos résultats suggèrent que les phénomènes suivants servent typiquement à indiquer une valeur informative importante et un engagement personnel fort du locuteur : le schéma é/s/p (la « figure à la boxe française » ; cf. 4.2), le schéma >HBHB< (la « figure bousculante » ; cf. 4.3) et la figure soulignante (cf.

4.4). En ce qui concerne les deux autres phénomènes, le schéma é\m\é (le« contour creux » ; cf. 4.1) et la prosodie zéro (cf. 4.5), contrairement aux autres, ceux-ci sont typiquement liés à l’indication d’une valeur informative faible (ou d’une indéfinitude référentielle ; cf. 4.1) et d’un engagement personnel faible du locuteur. La prosodie marquée créée par ces phénomènes peut également constituer un signe conclusif,

négation : en effet, le schéma é/s/p (la « figure à la boxe française »), le schéma

>HBHB< (la « figure bousculante ») et la figure soulignante sont toujours liés à une négation, et le schéma é\m\é (le « contour creux ») apparaît, lui aussi, souvent dans des contextes comprenant une négation. Effectivement, une des fonctions discursives les plus essentielles de ces démarcations prosodiques consiste à mettre en valeur la négation et à indiquer sa portée.

Comme nous l’avons déjà dit plus haut, la plupart des phénomènes présentés dans ce chapitre apparaissent seulement dans certaines parties du corpus et/ou comportent en tout relativement peu d’occurrences. Le schéma dit é\m\é (le « contour creux » ; cf. 4.1) constitue cependant une exception sur ce plan puisque le corpus étudié comporte en tout 248 occurrences de ce phénomène, dont la fréquence moyenne est de 1,5 occurrence par minute. La forme de ce phénomène est cependant très variable et l’effet marqué créé par ce type de prosodie n’est pas très fort. Le nombre d’occurrences (248) de ce schéma est également légèrement « biaisé » par le fait qu’il inclut toutes les occurrences des « phases creuses », alors que le phénomène apparaît typiquement (quoique pas toujours) dans des groupes de plusieurs « creux intonatifs » successifs.

A l’instar du « contour creux », la figure dite soulignante (cf. 4.4) apparaît dans l’ensemble du corpus étudié. Les occurrences de ce phénomène sont cependant rares : en effet, la figure soulignante présente en tout seulement 32 occurrences dans le corpus étudié et sa fréquence moyenne y est seulement de 0,2 occurrence par minute. Les occurrences du schéma é/s/p (la « figure à la boxe française » ; cf. 4.2) sont encore moins nombreuses : ce phénomène apparaît seulement 20 fois dans l’ensemble du corpus étudié, et 18 (90 %) de ces occurrences ont été relevées dans l’interview de Jean Paul Sartre (cf. tableau 1 ; n˚ 1). Il est cependant à noter que dans l’interview de Sartre, la fréquence moyenne de ce schéma est de 0,7 occurrence par minute, ce qui représente une valeur assez importante eu égard à la portée étendue de ce schéma ainsi qu’à la spécificité du contexte d’occurrence qu’il exige.

Le schéma >HBHB< (la « figure bousculante » ; cf. 4.3) et la prosodie zéro (cf. 4.5), quant à eux, apparaissent uniquement dans certaines émissions. Le schéma

>HBHB< apparaît seulement dans l’interview de Jean Paul Sartre (cf. tableau 1 ; n˚

1) et en raison de la spécificité du contexte d’occurrence exigé, il constitue un phénomène peu fréquent173. Quant à la prosodie zéro, ce phénomène prosodique apparaît uniquement dans les émissions d’Albert Camus (cf. tableau 1, n˚ 3 et 4). Il est cependant notable que malgré la non-apparition de ce phénomène dans les autres parties du corpus, dans la lecture radiophonique de L’Étranger cette prosodie dite zéro constitue un trait assez caractéristique : en effet, elle y apparaît en tout 84 fois, ce qui correspond en moyenne à 1,0 occurrence par minute.

173 En raison de la forme acoustique variable, les occurrences de ce phénomène n’ont donc pas pu être comptées d’une manière fiable.