• Ei tuloksia

3. Figure ondulatoire

3.2. Aspect contrastif : la figure ondulatoire du français vs

Dans cette partie, nous allons approfondir la présentation générale de la figure ondulatoire (cf. 3.1) par un point de vue contrastif. Plus précisément, nous allons résumer ci-dessous les résultats d’une petite étude contrastive (IV) dans laquelle nous avons comparé la figure ondulatoire du français à un phénomène prosodique du finnois, appelé « figure de familiarité » (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004). Nous commencerons par une introduction générale au sujet étudié (3.2.1). Ensuite, avant la partie comparative proprement dite (3.2.3), la « figure de familiarité » du finnois sera brièvement présentée (3.2.2).

3.2.1. Introduction au sujet étudié

Cette partie de notre thèse sera consacrée à l’étude contrastive (IV), dans laquelle nous avons comparée la figure ondulatoire (cf. 3.1), à un phénomène prosodique du finnois, appelé « figure de familiarité » (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004). Le but de cette étude consiste à mettre en lumière quelques traits acoustiques et discursifs par lesquels les deux phénomènes étudiés semblent se caractériser. En effet, il est intéressant de noter que malgré les origines différentes du français (langue indoeuropéenne) et du finnois (langue ouralienne), et malgré le fait que ces derniers constituent en principe des langues fondamentalement différentes sous pratiquement tous les angles possibles (Haspelmath et al. 2005), certaines fonctions modales du seulement des similitudes, mais qu’ils se distinguent également par de nombreux facteurs ; il ne s’agit donc pas de « phénomènes équivalents » mais de deux phénomènes distincts partageant quelques caractéristiques saillantes.

Dans notre démarche, c’est le phénomène du finnois qui constitue l’élément de comparaison pour le phénomène du français. En ce qui concerne la partie du finnois, notre étude est principalement basée sur les résultats d’Ogden, Hakulinen et Tainio (2004). Le phénomène du français, quant à lui, est abordé avant tout sur le plan de nos propres recherches antérieures (III), bien que d’autres travaux antérieurs portant sur la prosodie du français soient, naturellement, également évoqués (cf. 3.2.31). Sur le plan méthodologique, l’étude relève de l’analyse conversationnelle, sur laquelle s’appuient les deux travaux d’origine faisant l’objet de la comparaison (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004 ; III).

130 Cette partie est principalement basée sur IV ainsi que sur la communication orale que nous avons présentée au congrès ICCA06 (International Conference on Conversation Analysis), organisé à Helsinki (Finlande) du 10 au 14 mai 2006.

131 Encore une fois, nous ne cherchons naturellement pas à prouver ici qu’il existerait réellement des liens d’universalité entre les formes acoustiques étudiées. Le but de cette étude consiste, tout simplement, à signaler quelques traits communs que nous avons jugés pertinents, et moyennant cela, à soulever des questions qui pourront éventuellement être reprises dans le cadre de recherches ultérieures.

Les résultats présentés par les auteurs de l’article portant sur la figure de familiarité du finnois (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004) sont basés sur l’étude des grandes collections d’enregistrements des communications téléphoniques et des situations de communication en face-à-face. Les enregistrements incluent aussi bien des conversations à bâtons rompus que des conversations institutionnelles. Comme le phénomène du français est abordé principalement sur le plan des études que nous avons effectuées dans le cadre de notre thèse de doctorat, le corpus français correspond naturellement à celui de notre thèse (cf. 1.2). Les corpus étudiés dans le cadre des travaux comparés ici sont donc relativement différents. Évidemment, cela pourrait être considéré comme un fait affaiblissant la pertinence de la comparaison effectuée. Selon nous, cette différence ne devrait cependant pas être considérée uniquement comme un défaut, mais elle pourrait aussi constituer un avantage : en effet, nous considérons que le fait que non seulement les phénomènes étudiés apparaissent dans des langues non apparentées, mais aussi dans des corpus relativement différents constitue, d’une certaine manière, un facteur enrichissant par rapport à la recherche des traits similaires.

3.2.2. Présentation générale de la « figure de familiarité » du finnois

La figure dite de familiarité consiste en trois tons : bas (L132), haut (H) et moyen (M).

Selon Ogden, Hakulinen et Tainio (2004), le phénomène se répartit typiquement sur deux éléments lexicaux, mais le nombre de ces éléments peut également être plus de deux. Les trois tons constituent typiquement un alignement dans lequel : 1) d’abord, le ton bas (L) est porté par la première syllabe du premier pied, 2) ensuite, le ton (H) est attribué à la dernière syllabe du premier pied, 3) et enfin, la première syllabe du pied suivant porte le ton moyen (M). Comme en finnois, c’est normalement la première syllabe du pied qui est forte, les tons bas et moyen de cette figure tombent typiquement sur des syllabes fortes, tandis que le ton haut est porté par une syllabe faible.

La saillance de la « figure de familiarité » vient du fait que la plupart des syllabes fortes portent un ton haut en finnois, tandis que ce contour marqué consiste en une combinaison dans laquelle les tons bas et moyen sont portés par des syllabes fortes et le ton haut par une syllabe faible (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004). Les ampleurs des mouvements mélodiques constituant la figure sont très variables (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004 : 302–303). En effet, la saillance de la figure ne semble pas vraiment être liée aux ampleurs absolues des mouvements produits, mais plutôt à la position de ceux-ci par rapport au système métrique du finnois.

Le phénomène comporte aussi une variante (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004 : 302) dans laquelle il y a deux tons hauts au lieu d’un seul. Typiquement, le deuxième ton haut est porté par la première syllabe du pied suivant ; la syllabe portant ce ton n’est pas accentuée et l’élément lexical auquel ce ton est attribué constitue typiquement un mot grammatical ou une particule discursive.

La figure (12) ci-dessous illustre la forme acoustique typique de la « figure de familiarité » (cf. IV ; figure 1). L’occurrence en question a été prise dans une communication téléphonique entre deux femmes finlandaises133. Le corpus en

132 ’L’ pour ’low’, ’H’ pour ’high’ et ’M’ pour ‘mid’

133 Le corpus en question est intitulé Koirajuoruja (« Racontars de chiens ») est il a été mis à notre disposition par le Département de langue et de littérature finnoises de l’Université de Helsinki. La durée de l’enregistrement est de 13’55 minutes.

question est intitulé Koirajuoruja (« Racontars de chiens »). Il s’agit d’une conversation à bâtons rompus dans laquelle deux personnes (qui se connaissent apparemment bien) parlent de leur vie quotidienne.

Figure (12) : Forme acoustique (signal et courbe de F0) d’une occurrence de « figure de familiarité ». (Corpus finnois intitulé Koirajuoruja)

Dans cette occurrence, le ton bas (L) est porté par la première syllabe (/kier/)134 du premier pied (le mot /kiertelin/, ‘je me suis promenée’). Comme on peut le voir dans la figure (12), la mélodie reste basse également pendant la production de la syllabe (/te/). Après, le ton haut (H) est attribué à la dernière syllabe (/lin/) de ce pied, et le ton moyen (M) à la seule syllabe du pied suivant (/siel/, arg. ‘là-bas’ réduction du mot dissyllabique /siellä/, ‘là-bas’). L’ampleur de la montée mélodique produite entre les tons L et H est de 9,0 dt, ce qui correspond, selon Ogden, Hakulinen &

Tainio (2004 : 302), à l’ampleur maximale de la partie montante de la figure. Quant à la chute mélodique qui se produit entre les tons H et M, son ampleur est de 8,2 dt, ce qui correspond également presque à l’ampleur maximale de la partie descendante (9,0 dt) indiquée par Ogden, Hakulinen et Tainio (ibid.).

En ce qui concerne l’emploi discursif de la « figure de familiarité », les auteurs remarquent que le phénomène apparaît souvent dans des expressions idiomatiques qui se situent séquentiellement dans les deuxièmes parties des paires adjacentes (second pair parts). Aussi, le plus souvent, le TCU incluant la figure marquée est

134 Dans IV (figure 1), il y a une erreur de détection effectuée par Praat dans la courbe de F0 représentant la deuxième partie de la syllabe /kier/. La courbe présentée dans la figure (12) est correcte.

conclusif (closing-implicative). L’expression marquée à l’aide de la « figure de familiarité » peut consister notamment en une répétition de quelque chose qui a déjà été dit plus tôt. Il est également typique de ce phénomène d’apparaître dans des tours routiniers de situations institutionnelles ainsi que dans des tours dont le contenu consiste en des descriptions de routines quotidiennes dans des conversations à bâtons rompus.

Le trait commun à tous les emplois mentionnés, c’est que la valeur informative du contenu lexical de l’expression marquée y est peu importante. Le contenu lexical de l’expression portant la figure fait typiquement référence à quelque chose qui est déjà censé être connu par les deux participants à la conversation. Souvent, le phénomène sert à diminuer la valeur informative de ce qui est dit ou à indiquer que ce qui est dit est censé n’apporter « rien de nouveau » ou « rien d’étonnant » sur le plan informatif. C’est donc en raison de ces emplois typiques que ce phénomène prosodique est appelé « figure de familiarité ».

L’extrait (7) ci-dessous illustre des contextes d’occurrences typiques de la figure de familiarité (cf. IV ; exemple 1). L’extrait a été tiré du corpus finnois intitulé Koirajuoruja (« Racontars de chiens »), déjà mentionné plus haut.

Extrait (7) (corpus finnois ‘Koirajuoruja’)135 :

01 S: ((bâillement:)) Joo[pa ] joo.hh[hoh mä ] olin tänää-,

135 La transcription originale a été faite par Jan Strandberg en 1997. Les traductions ont été ajoutées par nous. L’abréviation ‘CLI’ dans les traductions réfère à un clitique, ‘PRT’ réfère à une particule et

‘INE’ au cas grammatical inessif. Les lettres ‘L’, ‘H’ et ‘M’ en dessus des transcriptions correspondent aux tons ‘low’ (bas), ‘high’ (haut) et ‘mid’ (moyen).

10 >ja< sitte jotain

et puis quelque chose

11 V: [ Aha. ] Ah bon L H M

12 S: kiertelin siel *>ja<* haastattelin ihmisiä […]

je me suis promenée là-bas et j’ai interviewé des gens je m’y suis promenée et j’ai interviewé des gens 13 V: [ Aha. ]

Ah bon

La figure de familiarité est employée d’une manière typique dans les cas des deux occurrences apparaissant dans cet extrait. Autrement dit, la figure prosodique sert dans les deux cas à diminuer la valeur informative de ce qui est dit ; elle indique que la description de la journée donnée par la locutrice (S) est censée n’apporter à l’interlocutrice (V) rien d’important sur le plan informatif. En plus de la démarcation prosodique, les nombreux pronoms indéfinis, particules, pauses remplies ainsi que le fort bâillement au début du tour (ligne 06) contribuent à la contextualisation de ce qui est dit comme quelque chose de peu important et de « pas très intéressant ». Le phénomène semble également être conclusif dans ce cas ; la locutrice (S) qui produit les occurrences de la figure dans son tour, change de sujet de conversation peu après la fin de l’extrait qui est donné ici.

3.2.3. Partie contrastive

Dans cette partie, la « figure de familiarité » présentée ci-dessus (3.2.2) sera comparée avec des phénomènes prosodiques du français. D’abord (3.2.3.1), la comparaison sera effectuée par rapport à quelques phénomènes prosodiques du français ayant été étudiés antérieurement par d’autres auteurs. Ensuite (3.2.3.2), la

« figure de familiarité » sera comparée à la figure ondulatoire, qui constitue l’un des deux phénomènes principaux de notre thèse (cf. 3.1).

3.2.3.1. Bref aperçu sur les études antérieures portant sur des phénomènes prosodiques du français ressemblant à la « figure de familiarité »

Un certain nombre de phénomènes dont la forme et/ou les fonctions ressemblent à celles de la « figure de familiarité » ont déjà été étudiés dans le cadre des travaux antérieurs portant sur la prosodie du français. Comme Fónagy et al. (1983) et Di Cristo (1998) l’ont constaté, une figure mélodique L–H–M constitue un cliché mélodique typique du français : un contour consistant en une montée mélodique produite sur la pénultième syllabe, suivie d’un ton moyen allongé, constitue une figure typiquement employée par les enfants dans des locutions comme ‘na-na-na-na-nère’ pour se moquer de quelqu’un (Di Cristo 1998 : 216). Selon Di Cristo (1998), ce type de contour est également employé occasionnellement par des adultes dans différents énoncés, comme ‘Tu as perdu !’ ou ‘Elle est partie !’ pour véhiculer le même type de sens.

Di Cristo (1998) remarque aussi qu’une forme mélodique similaire (comportant au moins deux variantes légèrement différentes) peut également être trouvée en français dans des contours vocatifs véhiculant une connotation particulièrement forte. Malgré le fait que les emplois de ces contours du français semblent à première vue relativement différents de ceux de la « figure de

familiarité » du finnois, une étude plus profonde révèle également quelques similitudes : en effet, nous suggérons que le « ton moqueur » véhiculé par ces contours se crée, en partie, en faisant référence au champ commun des connaissances et/ou des expériences des participants à la situation. Les contenus de ces tons ou de ces « nuances modales » (comme nous les appellerions plutôt) peuvent être notamment du type ‘c’est-ce-que-je-t’ai-dit’ ou ‘c’est-bien-fait-pour-toi’. Naturellement, la valeur informative de ce type d’énoncés est peu importante136 et leur contenu est présenté au destinataire comme quelque chose qui est censé être évident et peu étonnant pour ce dernier.

La forme acoustique du contour d’implication de Delattre (1966, 1967)137 ressemble aussi, dans une certaine mesure, à celle de la « figure de familiarité ».

Selon Delattre, un contour consistant en un mouvement mélodique montant–

descendant, associé à la désaccentuation des syllabes précédentes normalement accentuées et porté par la dernière syllabe d’un énoncé, peut véhiculer des nuances différentes selon la structure syntaxique de l’énoncé : selon l’auteur, l’emploi le plus typique de ce contour consiste à insister sur quelque chose que le locuteur considère comme une évidence, mais l’auteur ajoute que dans d’autres types de contextes structurels, le contour peut véhiculer des fonctions très différentes (notamment, l’exaspération lorsqu’il apparaît dans une question partielle, une invitation polie lorsqu’il s’associe à une structure impérative, etc.). Comme c’est le cas de la « figure de familiarité », le contour d’implication est, lui aussi, lié d’une certaine manière à l’indication d’une valeur informative faible : en effet, comme il s’agit de quelque chose sur lequel le locuteur insiste en le considérant comme une évidence, ce qui est dit est ainsi parallèlement contextualisé comme quelque chose censé être connu par l’interlocuteur.

Il est également notable que la figure HB (cf. 2, I et II) – dont la forme acoustique consiste en une montée mélodique immédiatement suivie d’une chute (cf.

2.1.1) – est, elle aussi, typiquement associée à l’indication d’une valeur informative faible (cf. 2.1.2). En plus, comme la « figure de familiarité », la figure HB constitue également un indice conclusif138. De même, elle véhicule typiquement une nuance d’évidence et elle contribue à présenter ce qui est dit comme quelque chose de « peu étonnant » et de peu important sur le plan informatif (cf. 2.1.2).

3.2.3.2. Comparaison de la figure ondulatoire et de la « figure de familiarité »

La figure ondulatoire du français et la « figure de familiarité » du finnois semblent donc partager plusieurs caractéristiques acoustiques et discursives, bien qu’elles soient également distinguées par de nombreux facteurs non négligeables. Sur le plan acoustique, la similitude la plus essentielle est que les deux phénomènes consistent en des montées mélodiques (montées de F0) saillantes. La différence, c’est que la

« figure de familiarité » consiste en une seule montée, tandis que dans le cas de la figure ondulatoire, le nombre de ces montées se situe typiquement entre trois et sept.

Néanmoins, dans les deux cas, il s’agit d’un phénomène fortement marqué, et eu égard aux systèmes intonatifs très différents du français (Di Cristo 1998) et du

136 Malgré une valeur informative peu importante, le rôle interactionnel de ce type d’énoncés peut être primordial.

137 Cf. aussi Portes (2004), Mertens (1990) et Rossi (1999).

138 Il est cependant à noter que le degré de la conclusion est différent selon qu’il s’agit d’une

« variante faible » ou d’une « variante forte » de la figure HB (cf. 2.1.2).

finnois (Iivonen 1998), il paraît normal que l’effet marqué ne se produise pas d’une manière tout à fait identique dans ces deux langues.

En effet, l’intonation du finnois se caractérise généralement par une certaine

« monotonie » en raison des intervalles mélodiques peu importants et d’une échelle de variations succincte qui lui sont typiques (Iivonen 1998: 317; Hakulinen 1979: 33, Iivonen et al. 1987: 236–239). En raison de cette monotonie générale et du fait que – contrairement au français – la montée mélodique n’a pas de fonction grammaticale établie en finnois (Kallioinen 1968; Hirvonen 1970; Iivonen 1978; Routarinne 2003:

179–183), une seule montée mélodique produite soit au milieu d’un énoncé (Ogden, Hakulinen & Tainio 2004) soit à la fin d’un énoncé (Routarinne 2003) constitue un trait suffisamment saillant pour créer une démarcation prosodique.

Quant au français, la montée mélodique y constitue un signe grammatical de l’interrogation (Di Cristo 1998 ; Delattre 1966 ; etc.). En plus, la montée mélodique indique typiquement la continuité en français (Morel & Danon-Boileau 1998 ; Di Cristo 1998 ; Rossi 1999 ; etc.)139. L’intonation140 générale du français n’est pas non plus aussi « monotone » que celle typique du finnois (cf. plus haut). En effet, le français se caractérise notamment par une légère montée intonative à la fin de chaque groupe rythmique (Di Cristo 1998 ; Rossi 1999 ; Léon 1992 ; etc.), et la montée mélodique constitue également un paramètre essentiel dans le procédé de la recatégorisation du rhème, typique du français oral (Morel & Danon-Boileau 1998).

Par conséquent, comme la montée mélodique constitue un trait fonctionnel essentiel dans le système intonatif du français, une seule montée – qu’elle soit produite au qui est déjà censé être connu par l’interlocuteur ou dont le poids informatif est pour une autre raison peu important. Il peut notamment s’agir de quelque chose qui a déjà été mentionné plus tôt dans le même discours, qui constitue une information d’ordre routinier ou qui est mentionné uniquement à titre d’exemple. De même, les deux figures prosodiques apparaissent souvent dans des descriptions (de routines, du cadre circonstanciel, etc.) et dans d’autres segments discursifs qui sont censés n’apporter à l’interlocuteur « rien d’essentiel », « rien d’intéressant » ou « rien d’étonnant » sur le plan informatif. En plus de leurs fonctions modales similaires, les deux figures constituent typiquement des indices conclusifs dans le discours.

139 Cf. notamment Hirst & Di Cristo (1998) et Rossi (1999) pour des listes des références concernant les nombreux travaux phonétiques ayant été effectués sur la montée mélodique en français.

140 L’emploi du terme ’intonation’ est intentionnel ici ; en effet, « l’intonation générale » d’une langue donnée ne consiste pas uniquement en des propriétés mélodiques, mais en un ensemble de propriétés de différents paramètres intonatifs (mélodie, intensité, débit, pauses, durée, accentuation, rythme).

Pour une description du système intonatif du français, cf. par exemple Morel & Danon-Boileau (1998), Rossi (1999), Di Cristo (1998), Martin (1981) et Mertens (1990).

141 Néanmoins, cf. notamment les travaux de Caelen-Haumont (2004), Caelen-Haumont & Bel (2002) et Morange (2005) portant sur les « mélismes ».

En conclusion, malgré les formes acoustiques relativement différentes des phénomènes étudiés, il est intéressant de noter qu’un contour mélodique montant semble être lié à l’indication d’une valeur informative faible aussi bien en français qu’en finnois.

3.3. Récapitulatif du chapitre 3

Dans ce troisième chapitre, nous avons fourni un aperçu sur le deuxième phénomène principal de notre thèse, la figure dite ondulatoire. Ce phénomène, fortement marqué et relativement étendu, consiste en plusieurs montées de F0 successives ; typiquement, le nombre de ces montées se situe entre trois et sept. A la différence de la figure HB (cf. 2), les montées produites lors de la figure ondulatoire sont caractérisées par une stabilité mélodique à l’intérieur des syllabes. Le plus souvent, les montées sont portées par les dernières syllabes complètes des groupes saillantes à intervalles réguliers qui est le principal responsable de l’effet marqué qui se crée. En plus, les montées mélodiques s’associent souvent à une accélération du débit. De même, dans beaucoup de cas, le niveau d’intensité change légèrement par rapport à l’entourage pendant la production de la figure. L’intensité ne semble cependant pas jouer un rôle essentiel dans le cas de ce phénomène. En plus des variations mélodiques, la production de la figure ondulatoire semble être liée avant tout à des facteurs rythmiques. Pour cette raison, le phénomène ressemble dans une certaine mesure aux scansions rythmiques (Simon & Grobet 2005). La figure ondulatoire comporte en tout 98 occurrences dans le corpus étudié et sa fréquence moyenne y est de 0,6 occurrences par minute. Elle apparaît dans toutes les émissions étudiées et ses occurrences s’y répartissent d’une manière plus régulière que celles de la figure HB.

Les fonctions discursives de la figure ondulatoire se répartissent typiquement sur les plans épistémique, sémantique, structurel et coénonciatif. La fonction la plus essentielle de ce phénomène semble consister à indiquer une valeur informative faible. Autrement dit, le phénomène semble contribuer à contextualiser ce qui est dit comme quelque chose qui est déjà censé être connu de l’interlocuteur ou dont le

Les fonctions discursives de la figure ondulatoire se répartissent typiquement sur les plans épistémique, sémantique, structurel et coénonciatif. La fonction la plus essentielle de ce phénomène semble consister à indiquer une valeur informative faible. Autrement dit, le phénomène semble contribuer à contextualiser ce qui est dit comme quelque chose qui est déjà censé être connu de l’interlocuteur ou dont le