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La représentation du processus d'adaptation à la culture française dans le blog Les mots de Marguerite

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Academic year: 2022

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LA REPRÉSENTATION DU PROCESSUS D’ADAPTATION À LA CULTURE FRANÇAISE DANS LE BLOG LES MOTS

DE MARGUERITE

Sanni Salonen Kandidaatintutkielma Romaaninen filologia Kieli- ja viestintätieteiden laitos Jyväskylän yliopisto Kevät 2021

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JYVÄSKYLÄN YLIOPISTO

Tiedekunta

Humanistis-yhteiskuntatieteellinen

Laitos

Kieli- ja viestintätieteiden laitos Tekijä

Sanni Salonen Työn nimi

La représentation du processus d’adaptation à la culture française dans le blog Les mots de Marguerite

Oppiaine

Romaaninen filologia

Työn laji

Kandidaatintutkielma Aika

04/2021

Sivumäärä 18

Tiivistelmä

Tutkielma käsittelee Les mots de Marguerite -nimisen blogin luomaa representaatiota sopeutumisproses- sista ranskalaiseen kulttuuriin. Tavoitteenamme on selvittää diskurssianalyysin keinoin, millaisia repre- sentaatioita kulttuuriin sopeutumisesta blogissa esiintyy. Keskitymme tutkimaan erityisesti kirjoittajan tekemien kielellisten valintojen vaikutusta kulttuurisen sopeutumisen representaatioon. Analyysi on ja- ettu kolmeen eri teemaan, joiden avulla tarkastelemme tekstejä.

Aineistona tutkimuksessa käytimme blogin Les mots de Marguerite kuutta vuosina 2013–2017 julkaistua blogipostausta. Aineistoa valitessamme keskityimme valitsemaan sellaisia blogipostauksia, missä kult- tuuriin sopeutumisen käsittelyä ilmenee mahdollisimman paljon. Analyysin teemoina tutkimme kulttuu- riin sopeutumista aktiivisena prosessina, ikuisen oppimisen prosessina, sekä vaiheikkaana prosessina.

Kulttuuriin sopeutuminen kokonaisuudessaan nähdään moninaisena prosessina. Teksteistä tulee ilmi, että sopeutuminen vaatii moninaisia tekijöitä. Tutkimuksestamme nousi esiin sosiaalisten ja motivaatio- naalisten tekijöiden tärkeys suhteessa sopeutumisen onnistumiseen. Sopeutumisprosessia kuvataan teks- teissä ikuisena prosessina, jonka vaativa oppiminen voi jatkua koko elämän. Prosessia kuvataan kolmi- vaiheisena. Vaiheiden välillä erityisesti sopeutuvan henkilön kokemat tunteet vaihtelevat. Pystyimme löy- tämään niistä yhtymäkohtia teoriaosuudessa esitettyyn teoriaan sopeutumisprosessin vaiheista.

Asiasanat

Blogi, representaatio, kulttuuriin sopeutuminen, diskurssianalyysi, ranskan kulttuuri Säilytyspaikka

Muita tietoja

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TABLE DES MATIÈRES

0 INTRODUCTION ... 7

1 GÉNÉRALITES ... 8

1.1 Cadre théorique ... 8

1.1.1 L’adaptation culturelle ... 8

1.1.2 La représentation ... 9

1.1.3 L’analyse du discours ... 10

1.1.4 La blogosphère ... 11

1.2 Présentation du corpus ... 13

1.2.1 Le blog Les mots de Marguerite et la blogueuse ... 13

1.2.2 La problématique et la méthode de l’analyse ... 13

2 ANALYSE ... 15

2.1 L’adaptation culturelle représentée comme un processus actif ... 15

2.1.1 Le vouloir s’intégrer ... 15

2.1.2 L’adaptation culturelle représentée comme un processus qui demande des efforts ... 16

2.2 L’adaptation culturelle représentée comme un perpétuel apprentissage . 19 2.3 L’adaptation culturelle représentée en phases ... 21

3 CONCLUSION ... 24

BIBLIOGRAPHIE ... 25

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0 INTRODUCTION

Au cours des siècles, des gens ont eu le désir d’explorer le monde et de découvrir des endroits étrangers. C’est la même envie qui pousse les personnes aujourd’hui à voyager et à découvrir des cultures différentes ainsi que des pays qu’ils n’ont jamais vus. Grâce au développement énorme des transports aériens pendant des années ainsi que la globalisation, c’est toujours plus facile de découvrir des lieux autour du monde.

Vivre à l’étranger peut être un rêve pour certains mais pour d’autres, ça peut être une obligation provoquée par des circonstances. Indépendamment de la raison du dé- ménagement dans un autre pays, dans la plupart des cas, on se retrouve face à une nouvelle culture, qui diffère de celle à laquelle on est habitué, une culture à laquelle on doit s’adapter pour construire la vie dans ce pays. Le déménagement dans un autre pays est une expérience dans un nouvel environnement, qui demande du temps pour s’acclimater. Il faut traverser le processus de l’adaptation culturelle. Un tel processus, surtout dans un nouveau milieu, entraîne l’apprentissage de nouvelles choses et le développement.

De nos jours, grâce à internet, il est facile pour ceux qui partent de maintenir le lien avec ceux qui sont restés et avec leur culture d’origine. En effet, beaucoup d’entre eux écrivent dans un blog leurs expériences et pensées. Dans ce millénaire, les blogs se sont multipliés et ont obtenu plus de succès dans les yeux des gens. Écrire un blog est un moyen de s’exprimer et en même temps de contacter des gens tout autour du monde ainsi qu’interagir avec eux. Il existe donc de nombreuses sources pour étudier comment les personnes vivent leur adaptation à une culture nouvelle. Ces blogs de gens qui vivent à l’étranger temporairement ou pas, sont typiquement écrits dans la langue maternelle de l’auteur, parce qu’ils sont dirigés vers ses proches ou d‘autres personnes du pays d’origine. Ce n’est toutefois pas toujours le cas ; dans cette étude, nous examinerons un blog écrit en français par une Espagnole qui habite en France depuis plus de dix ans.

Ce qui nous intéresse dans le blog Les mots de Marguerite, c’est donc les représentations que l’auteure du blog créé dans ses textes sur l’adaptation culturelle : comment l’adaptation à la culture française est-elle représentée dans le blog Les mots de Marguerite ? Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons aux notions d’adaptation culturelle, de représentation, d’analyse du discours ainsi que de blogosphère. Ensuite nous présenterons le blog examiné Les mots de Marguerite ainsi que le corpus de la recherche qui consiste en six billets du blog avant d’évoquer la méthode utilisée pour analyser ces textes. La deuxième partie est consacrée à l’analyse.

Enfin nous nous concentrerons sur les conclusions tirées des raisonnements faits dans la partie de l’analyse.

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1 GÉNÉRALITES

Pour étudier comment est représentée l’adaptation culturelle dans le blog Les mots de Marguerite, il faut d’abord préciser la signification des concepts d’adaptation culturelle et de représentation. Ensuite nous nous familiarisons avec d’autres notions essentielles, l’analyse du discours et la blogosphère. Juste après nous présentons plus profondément le corpus de la recherche, le blog Les mots de Marguerite, ainsi que la problématique à laquelle la recherche répond. Pour conclure la partie, nous ferons connaissance avec la méthode de l’analyse avant de passer à l’analyse proprement dite.

1.1 Cadre théorique

1.1.1 L’adaptation culturelle

Personne ne fait partie d’une certaine culture à la naissance. Nous ne connaissons pas les règles de la société ni comment nous devons nous y comporter. En revanche, il nous faut apprendre le tout, ce que l’on fait en grandissant (Kim, 2001 : 46). Ce pro- cessus d’apprentissage de la culture qui se fait pendant l’enfance s’appelle l’encultura- tion. Il s’agit d’apprendre la langue, des règles, ainsi que des normes de la société.

Néanmoins, l’enculturation n’est pas la même chose que l’adaptation culturelle. C’est parce que dans le deuxième cas, on doit s’adapter à une culture nouvelle alors qu’on a déjà des connaissances de la culture dans laquelle on a grandi. Ces connaissances ont un effet sur notre attitude face à la nouvelle culture étrangère (Kim, 2001 cité d’après Myry, 2014 : 14).

L’adaptation culturelle est donc le processus qu’un individu doit traverser pour construire sa vie dans une culture nouvelle. Chaque personne en position de traverser des frontières interculturelles se retrouve face à des défis, petits ou plus grands. Selon les raisons de l’immigration, les personnes font face à des défis très variés. Si le démé- nagement est permanent, l’engagement à s’adapter est différent de ceux dont le séjour est moins long. Ceux dont le déménagement est planifié d’avance peuvent se préparer avant de partir contrairement à par exemple des réfugiés, qui fréquemment ne peu- vent pas le faire (Kim, 2001 : 5).

Lorsqu’on fait face à une culture complètement nouvelle, l’émotion de la mécon- naissance limite notre capacité à fonctionner dans le nouveau milieu (Kim, 2001 : 4).

Quand nous nous trouvons dans une situation où nous rencontrons une culture in- connue pour nous, il est naturel de ressentir des sentiments divers, de la haine au bon- heur et tout ce qu’il y a entre les deux. Dans les circonstances nouvelles, une partie des nouveaux venus essaient de vivre comme les habitants du pays, quand l’autre partie reste dans ses habitudes. La motivation de l’individu à s’adapter est le facteur le plus

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essentiel sur le résultat de l’adaptation (Berry, 1997, cité d’après Riikonen, 2002 : 23- 24).

L’adaptation culturelle est un thème qui a été étudié longuement et largement au cours des années partout dans le monde. Les études peuvent se concentrer sur l’exa- men de l’adaptation par exemple du point de vue de l’individu, le niveau micro ou d’un groupe, le niveau macro, ou sur le séjour de long terme ou de court terme (Kim, 2001 : 11-15). En dépit du point de vue, l’adaptation culturelle est toujours étudiée comme un processus. Les chercheurs ont présenté plusieurs théories et modèles pour illustrer les phases traversées par un étranger pendant le processus, dont la plus con- nue est l’hypothèse de la courbe en U1 (Hofsted, 1997, cité d’après Riikonen, 2002 : 24- 25). Dans cette théorie, le processus est divisé en trois phases qui illustrent les senti- ments d’un étranger. Au milieu du processus, on ressent les sentiments les plus néga- tifs, et en revanche le début et la fin du processus sont caractérisés par des sentiments positifs. Dans cette étude, nous examinerons l’adaptation culturelle de long terme avec la perspective d’une personne, donc au niveau micro. Nous nous intéresserons également au processus d’adaptation et à ses phases.

L’apprentissage de la culture passe par la communication. La communication est ainsi un élément indispensable dans l’adaptation culturelle et une grande partie de l’adaptation est faite par la communication (Kim, 2001 : 47). En communiquant il s’agit de faire un échange de représentations, par la langue. Par conséquent pouvons-nous voir que la langue est une partie essentielle de la culture, de l’adaptation et des repré- sentations.

1.1.2 La représentation

La représentation est tout simplement un processus selon lequel nous, membres de cul- tures, pouvons produire des significations en utilisant la langue (Hall, 1997 : 61). Nous sommes habitués à utiliser certains mots en parlant des choses que nous connaissons.

La langue en elle-même ne nous dit rien, mais nous avons appris à rattacher des mots à certaines choses dans nos cerveaux, nous avons appris à avoir des représentations. En général, le langage est vu comme le moyen par lequel nous représentons des idées et des pensées dans nos têtes. Hall résume la définition de la représentation dans les mots suivants : « La représentation est la production de signification2 par le langage » (1997 : 16). La représentation peut donc être décrite comme une image que le texte nous donne. Dans notre cas c’est l’image que nous formons dans notre tête sur le processus d’adaptation culturelle à la culture française d’après des textes du blog Les mots de Marguerite.

1 « The U-curve hypothesis »

2 Tous les mots isolés ont une signification qui s’est construite pendant les années (= définition du dictionnaire). Tout autant tous les mots ont un sens, qui est ce que le mot signifie dans un certain contexte (Hall, 1997 : 24).

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Pour comprendre la notion de représentation plus profondément, il est indispen- sable de connaitre le lien qu’elle établit avec la langue. Cette approche de la représen- tation est basée sur les travaux de Saussure, le linguiste suisse, né en 1857. Pour lui, le signe linguistique est composé du signifiant et du signifié. Le signifiant est la représenta- tion matérielle du signe, soit les lettres et les sons du mot. Le signifié est la représentation mentale du signe, soit le concept mental auquel le signe linguistique renvoie (Hall, 1997 : 31).

La représentation est donc vue comme le lien entre des concepts et la langue, qui nous permet de référer à des objets réels ou fictionnels (Hall, 1997 : 17). On peut dire que la langue, autrement dit les signes, est un des systèmes qui forme la représentation.

L’autre système qui forme la représentation est le système des concepts. La langue est donc indispensable pour construire des représentations. Les signes et symboles sont ce qui forment la langue ; ils peuvent être des sons, des images, des textes écrits ainsi que des signes de la main. Ils sont des moyens de transmettre nos sentiments et idées à quelqu’un autre (Hall, 1997 : 1).

Selon Hall (1997 : 61) des membres de la culture produisent des significations en utilisant la langue par le processus de la représentation. Ainsi la culture peut être vue comme un échange de significations et leur production (Hall, 1997 : 2-3). La définition anthropologique pour le mot culture indique que c’est caractéristique à une nation ou société. Ce qui réunit les participants de cette culture est qu’ils comprennent des signi- fications du monde approximativement à la même manière. Selon Saussure, dans la société, les significations se sont toujours développées et modifiées avec le temps et par la culture. Cela veut dire qu’elles sont encore influençables par la culture et peuvent toujours changer au cours de temps (Hall, 1997 : 32). Nous pouvons donc penser que les représentations, comme les significations, sont construites par la culture.

Dans leur livre, Pietikäinen et Mäntynen expliquent le concept de représentation avec le mot rouge. Cet adjectif en soi peut être représenté de plusieurs manières diffé- rentes, comme la couleur de l’amour, Noël ou la fureur (Pietikäinen et al. 2019). Nous pouvons donc voir que le sens du mot est dépendant du contexte où il est utilisé et ainsi le mot en soi ne comprend son sens.

Quand la représentation traite de comment la langue produit la signification, les discours sont des conséquences de la représentation. Nous pouvons donc constater que la représentation, la signification et la culture sont tous des éléments nécessaires dans l’approche du discours (Hall, 1997 : 6).

1.1.3 L’analyse du discours

Dans l’analyse du discours, la langue est traitée comme une activité sociale qui cons- truit des sens. L’analyse du discours ne se concentre pas sur l’examen de la langue en soi, mais sur ce que on fait avec la langue et également comment on le fait. Ainsi la langue est toujours en contact avec la culture. La langue n’est pas vue seulement

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comme un instrument de communication mais comme un élément qui permet d’obte- nir des résultats variables en l’utilisant et en le modifiant (Pietikäinen et al. 2019 : 14).

Dans l’analyse du discours, l’utilisation de la langue est toujours rattachée au contexte de la situation particulière, ainsi qu’au contexte plus vaste, le contexte social. Ainsi l’analyse du discours ne se concentre pas seulement sur l’usage de la langue mais aussi sur la situation où elle est utilisée (Pietikäinen et al. 2019 : 39). L’analyse du discours n’a pas une histoire très longue : il faut remonter aux années soixante où au lieu d’exa- miner la structure de la langue on commence à vouloir étudier son usage (Pietikäinen et al. 2019 : 30). Pourtant, ce n’est que dans les années 80 qu’on a pu générer les deux acceptions du discours au singulier ainsi qu’au pluriel en linguistique (Charaudeau et al. 2002 : 187). Le concept de discours est varié et son sens peut être dépendant du con- texte dans laquelle il est utilisé. Les deux acceptions se basent sur la même idée que la langue est vue comme une activité sociale. Dans cette étude nous utilisons les notions comme elles sont présentés dans le livre de Pietikäinen et Mäntynen (2019 : 71). Le discours avec un article défini signifie exactement cette conception de l’usage de la langue est une action sociale ainsi qu’une ressource pour une action situationnelle.

Selon Michel Foucault, un discours avec un article indéfini est « une pratique cristalli- sée de signification qui est construite d’un certain point de vue et qui modifie systé- matiquement les objets qu’il nomme. »3 (Pietikäinen et al. 2019 : 71). Il assemble le lin- guistique et le social. Des discours sont définis pendant les années et ils peuvent tou- jours se transformer comme la langue, qui vit tout le temps. De la même manière, un discours peut modifier son objet. Néanmoins les discours sont en contact avec les normes et règles de la société, qui nous disent de quoi on peut parler et ce qu’on peut faire (Pietikäinen et al. 2019 : 71).

Pietikäinen et Mäntynen exemplifient un discours de la manière suivante : si nous parlons de forêt, nous pouvons le faire avec un discours de la protection de l’environ- nement ou avec un discours économique (2019 : 71). Ces manières de parler construi- sent une vue du sujet et influencent la façon selon laquelle nous le voyons.

Les textes différents sont des produits de la langue typiques pour l’analyse du discours. Grâce à la diversité des blogs, c’est possible d’y trouver des discours et re- présentations variés. Plongeons-nous maintenant dans les caractéristiques de la blo- gosphère.

1.1.4 La blogosphère

Selon Rebecca Blood le blog peut être défini comme « une page internet, mise à jour fréquemment avec des publications, où les plus actuelles sont présentées en premier »4 (2002a: 12; 2002c: vi, citée d’après Myers, 2010 : 2). Les blogs contiennent généralement

3 « kiteytyneitä, tietystä näkökulmasta rakennettuja merkityksellistämisen käytänteitä, jotka muokkaavat järjestelmällisesti nimeämiään kohteita. »

4 « a frequently updated webpage with dated entries, new ones placed on top. »

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du texte, mais en plus ils peuvent se composer de photos et de vidéos. Même si le blog assimile les genres différents, par exemple un site personnel ou un journal, il est en- core considéré comme un genre individuel. Ses caractéristiques sont qu’il est mis à jour constamment, et qu’il est construit autour de liens (Myers, 2010 : 2). Le blog est utilisé à des fins variables, comme pour partager des recettes, des commentaires, ou dans le cas de cette recherche, pour partager des expériences de la vie à l’étranger.

La définition du blog fait par Rebecca Blood date de 1997. Ces pages internet ont été nommées weblog par Jorn Barger un an plus tard en 1998, ce qui a donné naissance à la notion actuelle de blog. Le blog est devenu populaire en 1999 quand un nouvel logiciel par Pyra a rendu possible de faire des sites internet personnels plus facilement.

C’est le début du grand succès des blogs qui ne semble pas se terminer. Ce même logiciel a été ensuite vendu à Google en 2003, et est encore aujourd’hui la plus grande plate-forme pour écrire un blog (Myers 2010 : 16-17). Le blog que nous examinons dans cette étude est toutefois créé avec un autre logiciel, Wordpress. L’histoire de Wordpress remonte au début de ce millénaire en 2001.5 Aujourd’hui il y a déjà plus de 660 millions de blogs dans le monde dont 71 millions sont des blogs créés avec du logiciel Wordpress.6

Matheson constate dans son livre que le blog contient un discours actuel, mais déclaré de manière informelle. Dans les blogs, il y a souvent la possibilité de faire des commentaires aux publications. Cette possibilité fait du blog un média interactif, comme quasiment tous les médias digitaux le sont (Matheson, 2005 : 171). Une grande partie des blogs sont écrits sur un logiciel assez simple et gratuit. Toutefois, en même temps que les médias sociaux se sont agrandis énormément, c’est devenu plus com- mun de les utiliser pour travailler. Ceux qui ont un public nombreux peuvent gagner leur vie en écrivant un blog. Une fois que la plate-forme du blog est devenue plus commercialisée, on fait aussi plus attention sur à l’aspect visuel du blog.

Le blog que nous traitons dans ce mémoire est un bon exemple d’un blog dans lequel l’auteure a investi dans l’aspect visuel. Margarida a utilisé la même plate-forme et le même style visuel dans son blog et sur la page internet de son entreprise7. Ce style les connecte et les deux, la page internet ainsi que le blog, font partie d’une marque. Ils lui permettent d’obtenir de la visibilité pour elle-même comme traductrice ainsi que pour son entreprise.

5 < https://wordpress.org/support/article/history/ > Consulté 6.4.2021.

6 < https://growthbadger.com/blog-stats/ > Consulté 6.4.2021.

7 < https://artilingua.eu/ > Consulté 7.4.2021.

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1.2 Présentation du corpus

1.2.1 Le blog Les mots de Marguerite et la blogueuse

Pour le corpus de cette recherche, nous avons choisi six articles du blog Les mots de Marguerite <https://www.lesmotsdemarguerite.com/>. L’auteure du blog est Mar- garida Llabrés, qui est née à Minorque, Espagne. Elle raconte dans son blog qu’elle est tombée amoureuse de la langue française à l’adolescence. Ensuite, selon sa page inter- net <https://artilingua.eu/> l’amour de la langue l’a amenée à étudier le français à l’université de Barcelone. Pour obtenir son examen, elle a déménagé à Montpellier, France, où elle a aussi commencé à travailler après avoir fini ses études. Après avoir travaillé quelques années comme enseignante, Margarida a voulu poursuivre ses études et a commencé à l’Université Catholique de Paris pour y faire sa maîtrise. À la fin de ses études, elle a obtenu un travail à la commission européenne, à Bruxelles. En 2013 elle s’est installée à son compte avec son entreprise Artilingua, qui se concentre sur la traduction, la rédaction et la communication. Aujourd’hui elle travaille toujours comme entrepreneure. Depuis 2010 Margarida habite à Nantes avec son époux fran- çais et leurs enfants. Après avoir habité dans plusieurs villes en France pendant des années elle a obtenu une vision étendue de la culture française.

Le blog Les mots de Marguerite est créé en 2010. La plupart des textes dans le blog sont écrits en français. Dans ses premiers textes Margarida a toutefois balancé un peu entre les deux langues possibles du blog, mais elle a fini par écrire en français. Néan- moins de temps en temps elle écrit dans aussi en espagnol. Dans son blog, elle discute de ses expériences de la vie à l’étranger, du bilinguisme, de la traduction ainsi que de son travail au milieu de ces thèmes, des langues espagnoles et françaises et des cul- tures de ces pays.

Le corpus de la recherche consiste en six billets du blog qui sont publiés entre 2013 et 2017. En ce temps-là, Margarida est déjà installée à Nantes, son processus d’adaptation a déjà duré plusieurs années. Les billets du blog sont des catégories dif- férentes, et tous les billets de notre corpus sont catégorisés au-dessous du titre « La vie à l’étranger ». Nous avons choisi les billets essentiellement d’après leur correspon- dance avec notre problématique. Ces billets sont ceux qui traitent le plus de l’adapta- tion culturelle.

1.2.2 La problématique et la méthode de l’analyse

Dans cette étude, nous examinons la représentation de l’adaptation culturelle à la cul- ture française dans le blog Les mots de Marguerite. Autrement dit, nous cherchons à découvrir quelle impression l’auteure nous donne de l’adaptation culturelle dans ses textes.

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La question principale est ainsi « comment l’adaptation à la culture française est représentée sur le blog Les mots de Marguerite ? ». Nous allons approcher les textes en analysant les mots que l’auteure a utilisés pour décrire son expérience de l’adaptation à la culture française. Nous nous concentrons sur les choix du langage que l’auteure a fait dans ses textes ; quels choix de langage agissent sur la représentation de l’adapta- tion et comment ils le font ?

Trois thèmes se sont dégagés de l’analyse du corpus : l’adaptation culturelle re- présentée comme un processus actif, l’adaptation culturelle comme un perpétuel ap- prentissage ainsi que l’adaptation culturelle représentée en phases. Le choix des thèmes est basé sur ce que nous avons soulevé en lisant des textes. Nous allons étudier les types d’efforts mis en évidence dans les textes ainsi que les capacités demandées et la volonté de Margarida à s’intégrer. Margarida a elle-même appelé l’adaptation comme un perpétuel apprentissage. Ce que nous voulons examiner est donc comment les choix langagiers supportent et décrivent ce thème et dans quelles autres manières l’adaptation est représentée dans ses textes. Pour examiner ces questions, nous allons passer à l’analyse proprement dite.

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2 ANALYSE

Cette partie de la recherche se concentre sur l’analyse. Pour le faire, nous allons traiter comment l’adaptation culturelle est représentée dans le blog Les mots de Marguerite en analysant le sujet en trois thèmes : l’adaptation culturelle représentée comme un pro- cessus actif et comme un perpétuel apprentissage. Dans un troisième temps nous al- lons examiner comment le processus d’adaptation culturelle est représenté en phases.

2.1 L’adaptation culturelle représentée comme un processus actif

Dans le blog de Marguerite, l’adaptation culturelle est représentée comme processus de- mandant une attitude volontariste : il s’agit de vouloir s’intégrer et de faire des efforts.

Le thème qui se dégage en premier est la représentation d’adaptation culturelle comme un processus qui demande la volonté à s’intégrer.

2.1.1 Le vouloir s’intégrer

L’origine de Margarida est mentionnée dans plusieurs contextes dans le blog. Marga- rida a étudié la langue française, a obtenu un diplôme français et a habité en France depuis des années. Dans ses textes elle rattache sa connaissance de la culture française à son processus d’adaptation.

Exemple 1) Moi, je pense m'en sortir plutôt bien, je connais le pays depuis mes 15 ans, j'ai mes diplômes français, j'ai étudié la culture, la civilisation, la musique et la langue.

(Billet 5)

Dans l’exemple 1 Margarida souligne que l’adaptation à la culture française a été facilitée par le travail qu’elle a effectué pour connaitre « la culture, la civilisation, la musique et la langue ». Elle a étudié pendant plus de 16 ans à ce point, ce qui nous montre la volonté et la détermination de Margarida à s’intégrer. Les études avant et après son déménagement en France ont été des choix faits par l’intérêt envers la cul- ture, qui l’ont également préparée pour l’adaptation et ont ainsi aidé le déroulement du processus d’adaptation.

L’importance du vouloir s’intégrer apparait plusieurs fois dans les textes de Mar- garida.

Exemple 2) Je veux bien croire, que chacun fait de son mieux, si ce n’est pas le cas, si nous ne faisons pas de notre mieux pour nous adapter (c’est la règle numéro 1) il vaut mieux rentrer à la maison. (Billet 3)

La « règle numéro 1 » dans l’adaptation selon Margarida est de faire son mieux.

L’adaptation culturelle est donc représentée comme un processus qui demande une

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attitude volontariste, sinon « il vaut mieux rentrer à la maison ». Margarida exprime qu’elle veut « bien croire que chacun fait son mieux » en affirmant qu’à son avis tous les étrangers qui s’adaptent fonctionnent selon cette règle. Dans l’exemple 2 elle a uti- lisé le pronom « nous » qui nous donne une impression qu’elle s’identifie comme un de ceux qui ont dû traverser le processus d’adaptation. Cela implique qu’elle a égale- ment suivi cette règle.

En plus des éléments concernant l’adaptation déjà mentionnés dans cette partie de l’analyse, les propres choix de chacun sont ce qui en fin de compte définissent l’adaptation et si ça réussit ou pas. Margarida présente dans ses textes ses loisirs, dont un est la danse bretonne. Elle la présente en disant que pour la danser, il faut avoir de l’amour envers la culture bretonne ainsi que la connaissance de ses origines.8

Exemple 3) Pour ma part, j’ai fait partie pendant quelques années d’un cercle celtique de danses bretonnes. J’ai enfilé un costume traditionnel qui n’était pas le mien et, au fond, j’étais bien fière de le porter. (Billet 4)

Pour Margarida, les danses bretonnes ont été la manière dont elle a pu s’adapter plus profondément à la culture française ainsi qu’à la culture bretonne. Elle porte le costume traditionnel qui fait partie de la danse bretonne. Cela décrit sa volonté de s’intégrer. Elle veut vraiment faire partie de la culture bretonne, de la culture française et également le montrer aux autres.

Margarida a montré sa volonté à s’intégrer de plusieurs manières ; elle travaille activement à connaitre la culture française et elle est consciente que l’adaptation de- mande une attitude active. Tous ces facteurs montrent donc l’envie ainsi que la vo- lonté de s’intégrer. Maintenant nous nous concentrons sur la deuxième partie de l’adaptation culturelle représenté comme un processus actif, soit les représentations des efforts que le processus demande de la part de la personne qui s’adapte.

2.1.2 L’adaptation culturelle représentée comme un processus qui demande des efforts

Dans son blog, Margarida s’exprime souvent en racontant comment on devrait se con- duire, quelles choses on devrait faire pour s’adapter mieux. Grâce à son processus a duré plus de dix ans, nous pouvons constater qu’elle a déjà énormément d’expérience sur l’adaptation et ainsi qu’elle a des idées sur les conditions réussies de l’adaptation culturelle. Ces idées et facteurs demandent, comme nous avons vu, la volonté, mais également les efforts. Nous voulons donc savoir comment Margarida, avec ses choix linguistiques, met en évidence la représentation l’adaptation culturelle comme un pro- cessus qui demande des efforts.

8 https://www.lesmotsdemarguerite.com/2011/10/26/vivre-a-letranger-et-faire-partie-de-la- culture-locale/ Consulté le 10.4.2021

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Avant que le processus d’adaptation puisse vraiment commencer il faut faire la décision de partir et déménager dans un autre pays. Cette décision demande certains choix conscients que Margarida concrétise dans l’exemple suivant :

Exemple 4) Quand on décide de partir, de vivre ailleurs, de déménager… une chose est indéniable : on laisse derrière nous tout un tas de coutumes et de gens qui nous sont chers pour se voir confronté à d’autres gens et d’autres coutumes qui, avec le temps, vont aussi devenir sympathiques, appréciables, précieuses. (Billet 1)

Selon Margarida, quand nous faisons la décision de déménager à l’étranger, c’est en même temps la décision de vouloir donner la chance aux autres personnes incon- nues, pour possiblement devenir aussi chères à l’avenir. Elle raconte qu’on doit laisser des gens et coutumes chers et déjà connus, pour rencontrer les autres gens et coutumes inconnus. Pour le dire, Margarida a utilisé le verbe confronter. Par l’expression « se voir confronté » c’est donc l’idée que la rencontre avec d’autres gens, d’autres coutumes ne va pas être facile même si, avec le temps, ces gens et ces coutumes « vont aussi devenir sympathiques, appréciables et précieuses ». Autrement dit, au début, il va être difficile de rencontrer l’inconnu, mais avec le temps, on va se sentir bien dans un nou- veau milieu. Ce que ça demande par une personne qui s’adapte c’est donc l’effort et le courage d’abandonner tout le connu pour l’inconnu.

En arrivant dans un nouvel pays et ville où on ne connait personne, on veut faire des connaissances et trouver des amis. Notre cinquième exemple illustre l’importance de ça essentiellement au début du processus de l’adaptation :

Exemple 5) Quand on arrive seul dans une nouvelle ville, on a une seule chose à faire : se bouger pour trouver des amis, pour faire des connaissances. Quand on est seul, on veut, à tout prix (ou presque) ne pas le rester, alors on a tendance à cumuler les activi- tés, à s’inscrire à droite et à gauche, à accepter tous les pots de bienvenue ou de départ, toutes les soirées ou sorties organisées par le voisin de palier de la nouvelle collègue de travail. (Billet 1)

Margarida accentue comment en arrivant dans une nouvelle ville on veut trou- ver des connaissances. Ces mesures demandent la volonté et capacité de prendre l’ef- fort pour trouver des amis dans un nouveau pays. Les expressions « se bouger », « à tout prix » et « ne pas le rester » (rester seul), montrent que cela demande de faire des efforts. Ainsi elle nous montre qu’un étranger doit rester actif pour s’adapter.

Exemple 6) ”D’abord il faut prendre le temps d’observer pour ensuite commencer à agir et à s’intégrer et ne jamais avoir peur de critiquer”. Voilà la phrase qui résume as- sez bien ce que je pense aussi de la manière dont nous, étrangers, nous devrions nous adapter à nos nouveaux pays. (Billet 3)

Dans l’exemple 6 Margarida emprunte des mots d’un allemand qu’elle a entendu sur la télé espagnole. Ces mots correspondent également « assez bien » aux pensées de Margarida. Selon elle, cette phrase reflète la manière selon laquelle des étrangers devraient s’adapter aux nouveaux pays. Le verbe devoir indique qu’il faut que l’on

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suive ce conseil pour s’adapter. La critique dans ce contexte signifie que l’étranger lance des commentaires et critique le pays d’accueil comme les autres citoyens sans peur d’en recevoir des commentaires négatifs. Un nouvel environnement et une nou- velle culture peuvent rendre la personne prudente quant à son action. Cependant, Margarida avec son expression « ne jamais avoir peur de critiquer » dans l’exemple 6 encourage à faire justement contraire. Ce qu’il demande à une personne qui s’adapte est le courage de critiquer le pays ainsi que l’attitude de ne pas trop se préoccuper des réponses négatives. Autrement dit, cela demande un effort moral ; il faut que dans certains contextes on ose lancer la critique envers le pays et sa culture.

Comme nous avons constaté dans la partie théorique, les sentiments que les per- sonnes au milieu du processus de l’adaptation rencontrent sont variés. Ils peuvent parfois les surprendre de manière positive mais aussi de manière négative ou gênante.

Exemple 7) Et puis, hier, lundi, j’étais épuisée. Fatiguée. Une semaine à vouloir bien faire. A faire comme eux, comme vous. Une semaine forte en émotions à vouloir tout faire comme une Française : les gestes, les mots, les intonations, les regards. Pour bien faire. Même si je sais qu’eux, ils l’oublient bien souvent que je suis étrangère. Moi aussi. Mais pas tout le temps : dichotomie d’une vieille vie à l’étranger. (Billet 2)

Dans l’exemple 7 Margarida décrit les sentiments qu’elle a eus pendant et après des funérailles auxquelles elle a assisté. Elle se dit « épuisée » et « fatiguée » après la se- maine précédente. Nous pouvons penser que c’est naturel à cause de la nature de l’événement, mais dans l’exemple Margarida rattache ces sentiments plutôt à son sen- timent d’insuffisance. En écrivant « faire comme eux, comme vous » et en utilisant le pronom « vous », Margarida nous donne une impression qu’elle ne fait pas de partie des Français et ainsi souligne le sentiment d’être étrangère. L’expression « vouloir tout faire comme une Française » confirme ce sentiment. Les funérailles sont un événement dont les traditions peuvent varier selon la culture et dans une telle situation, il est naturel de vouloir essayer de fonctionner de façon appropriée, comme les autres, les Français qui ont appris ces coutumes en agrandissant. Margarida met en avant qu’elle a voulu bien faire « tous les gestes, les mots, les intonations, les regards » comme les autres. Cela nous montre qu’elle a la volonté à faire comme des autres et s’intégrer à la culture française. Margarida montre que, même après des années à l’étranger, se comporter de façon appropriée demande beaucoup d’efforts et ne vient pas de façon naturelle et ce, même si Margarida est bien adaptée, au point qu’elle-même, mais aussi les Français, oublient souvent qu’elle n’est pas française.

L’effort de la personne qui s’adapte se montre dans plusieurs exemples.

Exemple 8) J’oserai dire, alors, que quand un étranger fait partie d’associations locales et qu’il participe activement de la vie de la ville ou du village, c’est plutôt bon signe, c’est qu’il commence à se sentir “un de plus”. Certes, cela réclame, parfois, d’un cer- tain effort (non pas physique mais psychologique) mais cela signifie, à mon humble avis, une belle preuve d’amour envers le pays qui nous accueille et aussi une marque d’ouverture de la part de celui qui reçoit. Un effort des deux côtés et c’est cela qui est bien ! (Billet 4)

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Dans l’exemple 8 Margarida affirme que si une personne veut se sentir « un de plus », cela demande souvent l’effort de participer à des associations locales, ce qui en même temps signifie l’amour envers le pays. Elle écrit que pour l’obtenir, il faut que tous les deux, la personne elle-même et également les habitants du pays fassent l’effort psychologique de s’adapter ; de l’amour envers le pays de la part de celui qui s’y ins- talle et de l’ouverture de la part de ceux qui reçoivent. Cet exemple nous montre que pour s’adapter et se sentir « un de plus » il ne suffit pas seulement l’effort de la per- sonne qui s’adapte, mais également l’attitude d’accueil reçue. L’adaptation ne nous semble donc pas un processus simple.

Nous avons, dans ce paragraphe, examiné comment l’adaptation culturelle est représenté comme un processus qui demande des efforts. Nous avons pu voir que les décisions qu’on fait au cours du processus d’adaptation demandent en plus de la vo- lonté, du courage, un esprit ouvert ainsi que de la détermination. Tout cela fait que l’adaptation culturelle est représentée par Margarida comme un processus actif : cela demande beaucoup de la personne qui s’adapte, on doit rester actif et de cette façon, on est également de quelque manière responsable comment le processus va réussir.

2.2 L’adaptation culturelle représentée comme un perpétuel appren- tissage

L’adaptation culturelle est aussi représentée comme un perpétuel apprentissage.

Nous pouvons trouver ce thème dans trois des six billets. S’adapter à la culture c’est quelque chose qui ne se passe pas subitement, mais généralement peut prendre beau- coup de temps, ou même le reste de la vie. On pourrait imaginer que Margarida, qui a habité plus de seize ans en France, serait bien adaptée. Cependant, elle affirme dans son blog qu’elle ne se sent pas entièrement adaptée et que vivre à l’étranger, c’est constamment de l’apprentissage nouveau.

Exemple 9) On a cru tout connaître. On a pensé tout savoir, tout avoir vu, tout avoir vécu. On s’est intégrés. On a abandonné un certain mode de vie pour en adopter un autre. (Billet 2)

La chose la plus essentielle dans l’exemple 9 est l’usage des verbes croire et penser au temps passé. Avec ces verbes, elle nous dit que même si les étrangers ont eu l’im- pression de « s’être intégrés », ils ont noté que ce n’était pas le cas avec l’apparition de quelque chose d’inattendu. Dans ce moment, ils ont compris que l’adaptation était encore en train de se passer. L’autre chose dans l’exemple 9 dont nous devons tenir compte est que la phrase est formée dans la voix passive. Ça nous donne une impres- sion qu’elle ne parle pas que d’elle-même, mais aussi à la voix des autres personnes qui ont dû traverser le processus d’adaptation culturelle.

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Dans des textes de Margarida, nous avons eu l’impression que pour la plupart du temps, elle se sent bien intégrée à la culture française. Toutefois, comme nous pou- vons voir dans l’exemple suivant, ça ne veut pas dire qu’elle a tout appris et su sur cette culture.

Exemple 10) Une semaine où j’ai réalisé que non, je ne connaissais pas tout de la France, qu’il me restait encore plein de coutumes à découvrir, à apprivoiser, à tâton- ner, à apprendre. Seize ans plus tard, continuer à apprendre. (Billet 2)

Margarida a « réalisé » ne pas connaître tout la France. Elle utilise l’imparfait avec le verbe connaître donnant l’impression qu’avant cette réalisation, elle pensait connaître tout de la France et de sa culture. Elle conclut cet extrait par la phrase « seize ans plus tard, continuer à apprendre » : après seize ans, elle n’est toujours pas prête avec l’ap- prentissage qui va continuer. Margarida est prête à apprendre et assez patiente pour le faire.

Margarida met aussi en avant la valeur de la curiosité. Si on ne fait pas attention à l’environnement qui nous entoure, comment il est possible de s’y adapter ?

Exemple 11) Ouvrir grand les yeux et poser des questions, deux éléments indispen- sables à une vie à l’étranger. (Billet 2)

« Ouvrir grand les yeux » réfère exactement au fait qu’il faut faire attention à ce qui se passe autour de soi : il faut observer et demander des explications. Avec l’ex- pression « deux éléments indispensables » Margarida constate que la curiosité est une capacité nécessaire au processus d’adaptation.

Exemple 12) Je pense avoir une chance incroyable, je pense connaître assez-très bien ce pays qui m'a tellement bien accueillie (et moi à lui !). (Billet 5)

Dans l’exemple 12 Margarida exprime qu’elle connait la France « assez-très bien ». En basant sur son choix de langage « assez » pouvons-nous penser qu’avec cette expression, elle veut dire qu’elle connait le pays et elle s’y est adaptée mais que ce sera possible de connaître le pays encore mieux. Il nous semble donc qu’elle sait qu’il y a encore des choses à apprendre et ainsi que l’adaptation n’est pas finie pour elle.

Nous avons auparavant parlé de l’intérêt de Margarida envers la danse bretonne.

En plus de son intérêt pour la culture bretonne, nous pouvons voir sa curiosité d’ac- quérir de nouvelles compétences pertinentes pour la culture.

Exemple 13) J’ai découvert plein de choses, j’ai appris des danses différentes à celles de Minorque, j’ai dansé sur scène, j’étais une de plus ! (Billet 4)

L’exemple 13 nous montre la volonté de Margarida d’apprendre de nouvelles choses liées à la culture locale.

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Exemple 14) QUAND VOUS CROYEZ TOUT CONNAÎTRE DE VOTRE VIE À L’ÉTRANGER… ET PUIS, EN FAIT, NON !

Et puis un jour, la réalité vous rattrape. Et la vie vous montre tous ses visages. Les vi- sages d’une vie à l’étranger que je désignerais désormais en perpétuel apprentissage.

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Dans l’exemple 14, c’est après un enterrement, que Margarida se rend compte que bien qu’elle s’était imaginée être complètement intégrée, son adaptation culturelle est un perpétuel apprentissage. Elle écrit « un jour, la réalité vous rattrape ». Marga- rida pensait que son processus d’adaptation arriverait à un terme et elle se rend compte que ce n’est pas le cas : il va falloir continuer à apprendre.

L’adaptation culturelle apparaît comme un processus qui ne finit jamais. Ce ca- ractère du processus n’apparait qu’après plusieurs années du processus. Nous avons vu que le processus demande la patience par la personne qui le traverse (ex. 10). Pour être prêt pour le tel processus, on doit posséder un intérêt profond pour la culture (ex.

11 & 13) ce qui reflète aussi directement la volonté de s’adapter du paragraphe précé- dent.

2.3 L’adaptation culturelle représentée en phases

Auparavant nous avons, dans nos exemples, parlé de fait que Margarida souligne l’importance de faire des amis au début de l’adaptation. C’est une chose dans laquelle selon elle, on doit faire attention essentiellement au début de l’adaptation, mais une fois que c’est fait, la signification faiblit. La raison pour ce déclin, c’est qu’au cours du processus, on connait des phases, des périodes différentes. Ça veut dire le processus n’est pas tout le temps le même mais sa nature change. Dans cette partie de l’analyse nous allons donc examiner comment l’adaptation culturelle est représentée en phases.

Ce thème peut être trouvé dans 4 billets.

Dans le billet 6 Margarida présente que le processus d’adaptation peut être di- visé en trois phases. L’exemple 15 illustre la première d’entre eux :

Exemple 15) Au commencement, nous sommes contents de vivre une expérience diffé- rente, de faire de nouvelles rencontres, de découvrir quotidiennement un nouveau quartier, une nouvelle tête, un nouveau boulanger, un nouveau mot… Au commence- ment, il y a tellement de nouveautés qu’on oublie d’où l’on vient. (Billet 6)

Comme constaté auparavant, l’importance de faire des connaissances et amis s’accen- tue au début de l’adaptation. Margarida souligne cette importance également dans cette expression : « nous sommes contents de faire des nouvelles rencontres ». Elle s’exprime que le début dans un nouveau pays s’agit d’explorer des nouveaux lieux, de rencontrer des gens, autrement dit il s’agit de « découvrir ». En utilisant ce verbe ainsi qu’un adjectif nouveau, Margarida nous raconte que ces choses sont inconnues

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d’avance pour elle. Au commencement du processus on a tendance à se concentrer sur ce qui est nouveau et on oublie son pays d’origine. La première étape du processus d’adaptation est représentée comme une période de joie et sous l’angle du charme de la nouveauté.

Au bout d’un certain temps l’enthousiasme se calme :

Exemple 16) Ensuite vient le temps de l’accalmie. On s’y fait, la fréquence de nouveau- tés s’estompe et nous avons plus de temps pour penser à ce que nous faisions avant, avec qui nous trainions. On passe aussi par la phase où les dimanches se convertissent en ce moment de la semaine qui sert presque à regretter le fait d’être parti […]. On pense de trop à ce qu’on ferait si on vivait toujours dans notre ville d’origine. (Billet 6) Margarida appelle cette période dans l’exemple 16 « le temps de l’accalmie ». La nor- malité et la stabilité dans sa vie sont exprimées par l’expression « s’y faire » ce qui veut dire qu’elle s’y est habituée. « La fréquence de nouveautés s’estompe » nous indique qu’elle voit sa vie plus stable et le temps des nouveautés commence à être fini. Mar- garida évoque aussi le mal du pays et la nostalgie. Par conséquent la deuxième phase est représentée comme une phase où l’on regrette ce qu’on a perdu en partant.

Exemple 17) Ce que j’ai remarqué : on se fait très rapidement des connaissances mais au bout d’un certain temps on se rend compte que ce ne sont pas des amis (pas tous, en tout cas) et qu’il faut commencer à faire un petit tri. (Billet 1)

En explorant des endroits, quand tout est nouveau, on rencontre des gens et fait des connaissances. Cependant, Margarida raconte qu’au bout d’un certain temps on com- mence à faire des choix à l’égard des connaissances (qui parmi elles sont des amis et qui ne le sont pas), qu’elle appelle « un petit tri ». Au cours de la deuxième phase, une sélection s’opère entre amis proches et simples connaissances.

Ce que nous ne pouvons pas constater à partir des textes de Margarida, c’est combien de temps ces phases du processus d’adaptation ont duré. Comme nous le savons, le processus pour elle a duré déjà plus de 15 ans, mais d’après ses textes, il est impossible pour nous de savoir, si sa première phase du processus a duré deux mois ou deux ans.

Exemple 18) Plus tard, nos origines passent, en quelque sorte, à un deuxième plan. On se confond dans la masse tout en souhaitant dans un petit coin de notre tête que la boulangère ou le coiffeur se souviennent, tout de même, d’où nous venons. (Billet 6) Dans la dernière phase, qui vient « plus tard » dans le processus, elle met avant avec l’expression « nos origines passent à un deuxième plan », la signification des ori- gines changée. Elle prend un rôle secondaire dans ses têtes. En disant « on se confond dans la masse » Margarida indique qu’on n’est pas remarqué dans la foule et ainsi qu’on s’identifie comme des autres habitants. Ça nous signifie que dans ce point, à la troisième phase, on est intégré dans le pays. Ce que selon Margarida, on souhaite

« dans un petit coin de notre tête » que les gens se rappellent où on vient, illustre la

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fierté portée aux origines et que son importance est toujours soulevée comme dans la deuxième phase, mais sa signification a changé.

Exemple 19) Mais ensuite, une fois nous sommes (ou nous nous sentons) plus ou moins adaptés… (Billet 3)

Dans l’exemple 19 Margarida oppose le sentiment d’être adapté avec la réalité de l’adaptation. Même si on se sent adapté ça ne signifie pas qu’on s’est véritablement adapté. L’expression « plus ou moins » nous indique que l’adaptation n’est pas quelque chose qu’on peut mesurer exactement et ce n’est pas quelque chose qu’on peut réussir à 100%.

Exemple 20) C’est à ce moment-là, dans la petite bourgade, sous un soleil plus minor- quin que breton, prise par l’émotion, que j’ai eu le temps de réaliser que c’était une première fois. (Billet 2)

Après des années de vie en France, dans l’exemple 20 Margarida parle de sa pre- mière fois à des funérailles à l’étranger. Le sentiment de nouveauté peut donc égale- ment surprendre plus tard. Nous pouvons voir également la nostalgie de Margarida pour son pays d’origine quand elle décrit le soleil étant « plus minorquin que breton », elle étant en France, pas à Minorque.

Margarida illustre le processus d’adaptation en trois phases. La première phase est la phase de la nouveauté. L’enthousiasme de la nouveauté s’estompe petit à petit et on entre dans la deuxième phase plus nostalgique. La dernière phase est la phase de l’adaptation qui se poursuit indéfiniment. Cette division en trois phases, avec une deuxième phase plus négative ressemble à l’hypothèse de la courbe en U introduite dans la partie théorique.

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3 CONCLUSION

Le but de notre étude était d’examiner des représentations sur l’adaptation culturelle dans le blog Les mots de Marguerite avec notre question de recherche « comment l’adap- tation à la culture française est représentée sur le blog Les mots de Marguerite ? ». Nous avons voulu savoir quelles représentations sur l’adaptation culturelle il existe dans le texte de Margarida et avec quels choix langagiers elle les a faits. Il faut donc tenir compte de ce que le corpus de l’analyse n’étant que six billets au total, nous ne pou- vons pas obtenir l’idée ensemble sur le sujet mais seulement la réponse dans notre problématique de la recherche.

Au cours de l’analyse l’adaptation culturelle nous semblait comme un processus à plusieurs dimensions. Certaines capacités étaient soulevées, comme la volonté de s’intégrer ainsi que la curiosité envers la culture, décrites comme les facteurs très mar- quants de réussite du processus. Il demande également des efforts variés ; la personne qui s’adapte doit avoir du courage et de la détermination. Il faut rester actif pour s’in- tégrer dans le pays. L’adaptation culturelle est aussi décrite comme un processus per- pétuel, dans laquelle l’apprentissage ne se termine jamais. Le processus d’adaptation était illustré en trois phases dans le blog. Les émotions dans les phases différentes varient de l’enthousiasme de la nouveauté au mal du pays à la satisfaction, où l’on porte essentiellement la fierté de ses origines.

L’adaptation culturelle étant un sujet très intéressant et divers, l’étude pourrait être élargie à l’avenir en augmentant les textes du corpus et en ajoutant d’autres blogs pour les comparer entre eux. Dans cette étude nous avons examiné l’adaptation cul- turelle du point de vue du séjour de long terme. À l’avenir, ce serait donc intéressant d’examiner ce sujet également sous le point de vue du séjour de court terme. De plus, en tenant compte que les billets ont été publiés entre 2013-2017, il pourrait être inté- ressant d’étudier les textes plus récents. Existerait-il des différences entre les nouvelles et les anciennes publications ?

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BIBLIOGRAPHIE

Corpus :

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Billet 2 : Les mots de Marguerite. Vivre à l’étranger : un perpétuel apprentissage.

<https://www.lesmotsdemarguerite.com/2017/05/23/vivre-a-letranger- expatriation-apprentissage/> 23.5.2017. Consulté le 23.2.2021.

Billet 3 : Les mots de Marguerite. La critique peut-elle sortir de la bouche d’un étranger ?. <https://www.lesmotsdemarguerite.com/2013/12/12/la-critique- peut-elle-sortir-de-la-bouche-dun-etranger/> 12.12.2013. Consulté le 23.2.2021.

Billet 4 : Les mots de Marguerite. Intégration sociale : en France ou ailleurs.

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Consulté le 23.2.2021.

Billet 5 : Les mots de Marguerite. Habiter le pays du mari.

<https://www.lesmotsdemarguerite.com/2015/11/12/habiter-le-pays-du- mari/> 12.11.2015. Consulté le 23.2.2021.

Billet 6 : Les mots de Marguerite. Partir pour idéaliser (et soutenir le foot et eurovision) ~ Marcharse para idealizar (y ser fan de fútbol y de eurovisión) < https://www.lesmotsdemarguerite.com/2014/07/04/partir-a-letranger-

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