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« C’est mon devoir ! » : la représentation de l’honneur dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours

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Academic year: 2022

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« C’EST MON DEVOIR ! » LA REPRÉSENTATION DE L’HONNEUR DANS LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-

VINGTS JOURS

Eveliina Launonen Kandidaatintutkielma Romaaninen filologia

Kieli- ja viestintätieteiden lai- tos

Jyväskylän yliopisto Kevät 2021

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JYVÄSKYLÄN YLIOPISTO

Tiedekunta

Humanistis-yhteiskuntatieteellinen

Laitos

Kieli- ja viestintätieteiden laitos Tekijä

Eveliina Launonen Työn nimi

« C’est mon devoir ! » La représentation de l’honneur dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours

Oppiaine

Romaaninen filologia Työn laji

Kandidaatin tutkielma Aika

04/2021 Sivumäärä

23 Tiivistelmä

Tämän työn tavoitteena oli tutkia kunnian representaatiota Jules Vernen teoksessa Le Tour du monde en quatre-vingts jours eli Maailman ympäri 80 päivässä. Tutkimuksessa pyrittiin selvittämään diskurssiana- lyysin avulla, miten kunnia oli esitetty eli representoitu teoksessa. Kunnian representaatiota tarkasteltiin teoksen päähenkilön Phileas Foggin kautta.

Tutkimuksen korpukseksi valittiin otteita teoksen yhdeksästä eri luvusta, joissa Fogg tavalla tai toisella käyttäytyi kunniallisesti. Tutkimuksessa määriteltiin, miten kunnian käsite oli määritelty teoksen julkai- suajankohtana eli 1800-luvun loppupuolella. Otteita analysoitiin neljän eri diskurssin avulla, jotka oli ja- ettu kahteen ryhmään. Ensimmäisessä tarkasteltiin kunniaa itsetunnon kautta, josta Foggin kunniakkuus kumpusi hänestä itsestään; toisessa puolestaan kunnian käsitettä tarkasteltiin muiden huomioimisen kan- nalta, eli niitä seikkoja, joiden avulla muut henkilöt näkivät Foggin kunniallisena henkilönä.

Tutkimuksen avulla osoitettiin, että analysoimalla Foggia on mahdollista löytää kunnian eri piirteitä sekä hänen käytöksestään että siitä, miten muut häneen suhtautuivat. Hän oli etuoikeutettu ja statukseltaan korkea-arvoinen herrasmies, joka käyttäytyi arvojensa ja velvollisuudentuntonsa mukaan ritarillisesti ja rohkeasti saavuttaen samalla arvostusta hänelle läheisiltä ihmisiltä. Näin ollen hän vastasi tutkimuksessa määriteltyä kunnian käsitettä.

Asiasanat diskurssianalyysi, representaatio, kunnia, Jules Verne, Maailman ympäri 80 päivässä Säilytyspaikka Jyväskylän yliopisto

Muita tietoja

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TABLE DES MATIÈRES

0 INTRODUCTION ... 5

1 CADRE THÉORIQUE ... 7

1.1 Analyse du discours ... 7

1.1.1 Généralités ... 7

1.1.2 La représentation ... 8

1.2 Honneur et autres valeurs de l’époque victorienne ... 9

1.2.1 L’honneur ... 9

1.2.2 Les valeurs à l’époque victorienne ... 10

2 ANALYSE ... 12

2.1 Jules Verne... 12

2.2 Le corpus ... 13

2.3 La méthode d’analyse ... 14

2.4 Analyse du corpus ... 14

2.4.1 Sentiment de considération de soi-même ... 14

2.4.1.1 Le discours de la vertu et du devoir ... 15

2.4.1.2 Le discours du courage et de l’héroïsme ... 16

2.4.2 Sentiment de considération des autres ... 17

2.4.2.1 Le discours du privilège et du statut... 17

2.4.2.2 Le discours de la réputation et de l’estime ... 19

3 CONCLUSION ... 21

BIBLIOGRAPHIE ... 22

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« Plusieurs cas de meurtres liés à l'honneur ont choqué l'Europe au début des années 2000 » : c’est ce qu’écrit le 17 mai 2019 Karoliina Paananen dans un journal à scandale finlandais, Iltasanomat 1. Aujourd’hui encore, partout dans le monde, on constate la réalité des crimes d’honneur et de la culture de l’honneur. Mais qu’est-ce que l’honneur et comment a-t-il changé durant les années ? Les définitions de l’hon- neur sont en effet différentes selon les époques, les cultures et les pays.

Il existe beaucoup de recherches sur l’honneur en lien direct avec la vie actuelle.

Christiane Hadamitzky (2016) a recherché les différences entre honneur individuel et l’honneur en société. Elle a trouvé que bien que tous les deux soient utilisés pour va- lider la conduite dans les groupes, ils sont en même temps différents. Elle joint l’hon- neur de la personne à l’héroïsme. Mais l’honneur est aussi souvent associé à la vio- lence. De bons exemples sont les duels (LaVaque-Manty 2006 ; Bourdieu 1977), et ce, pas seulement au 19e siècle, mais durant toute l’histoire. Par exemple dans sa re- cherche sur l’honneur, la masculinité et les duels en Grèce Thomas W. Gallant (2000) trouve que c’est souvent acceptable pour des hommes de défendre leur l’honneur et leur réputation avec la violence.

Dans ce travail, nous nous proposons d’analyser comment l’honneur est repré- senté dans la littérature, et plus précisément, comment il est représenté dans un livre de Jules Verne, Le tour de monde en quatre-vingts jours.

Au centre de notre recherche se trouvent donc les questions de la représentation de l’honneur dans le cadre spatio-culturel du Royaume Uni à la fin du XIXe siècle puisque c’est dans ce cadre que les personnages du roman évoluent. Qu’est-ce l’hon- neur dans ce contexte ? L’honneur tel qu’il est compris à l’époque correspond-il à la représentation qu’en donne Verne dans le roman ? Nous nous concentrerons sur le personnage de Phileas Fogg : en quoi Fogg est-il représenté comme un homme d’hon- neur ?

Au début de notre mémoire nous examinerons notre cadre théorique pour nous familiariser avec les notions importantes : l’analyse du discours et la représentation.

Après cela nous présenterons le corpus du mémoire, qui est constitué d’extraits de neuf chapitres du Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne. En troisième

1 https://www.is.fi/ulkomaat/art-2000006108305.html

0 INTRODUCTION

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partie, nous analyserons notre corpus qui est catégorisé en quatre discours et à la fin de la recherche nous présenterons les découvertes et les résultats.

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Dans notre première partie nous présenterons le cadre théorique. Nous évoquerons les concepts et les notions dont nous avons besoin pour analyser notre corpus. Nous présenterons brièvement l’analyse du discours, puis la notion de la représentation avant de définir l’honneur.

1.1 Analyse du discours

1.1.1 Généralités

L’analyse du discours étudie les relations entre l’usage du langage et l'activité sociale.

Elle est liée à la notion de constructivisme social ; un cadre théorique qui examine la construction de la réalité sociale et la construction des significations (Pietikäinen &

Mäntynen 2009 : 12).

Dans l’analyse du discours, on étudie des discours. La définition varie mais Pie- tikäinen et Mäntynen définissent le discours comme une activité sociale qui donne un sens au monde. Le mot discours vient du mot discursus du latin. Bien que discursus signifie « courir autour », en français, discours signifie « la parole, la conversation et l’exposé ». L’utilisation scientifique du terme « discours » se généralise durant les an- nées 60-70, pendant le « tournant linguistique », où la recherche structurelle est rem- placée par la recherche de l’utilisation de langage dans la création des significations, dans la construction d’une communauté et une identité et dans l’organisation des modes d’action. Après cela, l’analyse du discours est devenue un véritable domaine de recherche. L’idée est que c’est la langue qui construit et travaille la réalité (Charau- deau, Maingueneau & Adam 2020 : 7 ; Pietikäinen & Mäntynen 2009 : 12-13, 23).

Selon l’analyse du discours, le langage est un acte social, et pas seulement un système linguistique. En même temps, il est aussi un système discursif. C’est pourquoi les normes, les valeurs et les règles discursives et sociales sont aussi importantes que les règles grammaticales. Comme acte social, le langage est donc en interaction avec la société : ainsi en analysant la langue on peut apprendre de la société et de la culture

1 CADRE THÉORIQUE

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et vice-versa. Donc dans l’analyse du discours on examine la disposition et les varia- tions du langage pour mieux comprendre la culture, la société et la langue. Avec le langage, on peut se présenter soi-même et les autres (Pietikäinen & Mäntynen 2009 : 13-14).

Le discours est spécifié par le contexte. Sans contexte les énoncés n’ont pas de sens (Maingueneau 2014 : 21). Les fonctions du langage sont déterminées par le con- texte. Les situations d'utilisation de la langue varient, et dans des situations différentes, le sens de toute ressource linguistique, comme les mots, les phrases et les discours, n'est pas permanent. Le contexte est souvent déterminé par des facteurs différents comme des rôles, des normes, le cadre spatio-temporel etc. (Pietikäinen & Mäntynen 2009 : 28). Le discours, déterminé par le contexte, est aussi soumis à des règles d’orga- nisation (en fonction du genre de discours, par exemple le mémoire de licence, ou en fonction du type de discours, par exemple une argumentation) (Maingueneau 2014 : 19).

On peut analyser le contexte au deux niveaux : au niveau micro (contexte de la situation) et au niveau macro (contexte socio-culturel et social). Ils n’ont pas de limites claires et il y a des formes intermédiaires comme le genre. Au premier niveau, on se concentre sur les situations et les activités discursives. Le second niveau examine les situations et les pratiques culturelles, historiques et sociales de la langue et de son utilisation (Pietikäinen & Mäntynen 2009 : 32, 34-36). On peut voir que nous créons le contexte en utilisant la langue en même temps que le contexte influence les façons d’utiliser les ressources linguistiques. En d’autres mots, le contexte influence le lan- gage utilisé et vice versa.

Maintenant que nous avons présenté l’analyse du discours nous poursuivons en expliquant plus précisément la notion de la représentation.

1.1.2 La représentation

La représentation est la production de sens par la langue (Hall 1997 : 16). C’est une notion à plusieurs dimensions. Au centre existe une idée de formation de significa- tions culturelles où les personnes présentent et décrivent une impression de la réalité qu’elles ont (Sihvonen 2006 : 129).

Pour Lawrence Grossberg, ce n’est pas possible d’avoir accès à la réalité sociale parce que les réalités actuelles sont toujours définies par la représentation que la langue nous offre (1995 : 237).

Quand on représente le monde, on fait toujours des choix (Sihvonen 2006 : 130) ; comment on présente les choses, qu’est-ce qui est important, qu’est-ce qu’on ne men- tionne pas etc. En même temps, nous exerçons notre pouvoir (Sihvonen 2006 : 130).

C’est aussi crucial d’être conscient qu’une personne n’a pas toujours les mêmes possi- bilités de faire les mêmes choses qu’une autre personne. En ce qui concerne la littéra- ture, c’est l’écrivain qui fait des choix et nous propose des représentations. C’est pour- quoi c’est intéressant d’étudier ces représentations, car elles reflètent l’idéologie du temps et les pensées de l’écrivain. En même temps les représentations effectuées peu- vent avoir un effet sur l’idéologie de l’époque. En étudiant en quoi Fogg est un homme d’honneur, nous voulons voir si les caractéristiques du personnage correspondent aux normes et valeurs de l’époque.

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Comme nous l’avons déjà remarqué, la représentation est utilisée pour représen- ter le monde en attachant aux objets des signes linguistiques et des significations. Se- lon Sihvonen (2006 : 135), les pratiques de représentation consistent en l’identification des phénomènes, leur combinaison, leur interprétation et leur reproduction.

Ce processus est un processus compliqué : les hommes filtrent les choses ou les phénomènes à travers des codes socioculturels, eux-mêmes basés sur des pratiques socioculturelles influencées par de ses normes et ses habitudes. C’est pourquoi nous sommes accoutumés à voir et à expérimenter les choses de certaines manières. L’ana- lyse des représentations demande donc de réfléchir au pouvoir, aux idéologies, mais aussi aux cadres et conventions culturels (Sihvonen 2006 : 135-136).

La représentation inclut aussi la notion du stéréotype, qui peut être définie comme une généralisation concernant certains groupes ou certains individus souvent sans connaissance des personnes actuelles (Sihvonen 2006 : 138). Ils sont raides et fixés pour simplifier et catégoriser le monde et ses habitants parce que ce n’est pas efficace de faire la connaissance de toutes personnes séparément. Ils incluent souvent les pré- jugés (Amossy et Herschberg-Pierrot 2011 : 29-30, 37).

Examinons ensuite la notion d’honneur et les autres valeurs importantes pour notre travail.

1.2 Honneur et autres valeurs de l’époque victorienne

Pour mieux comprendre notre corpus, nous devons voir quelles sont les valeurs im- portantes durant la parution du Tour du monde en quatre-vingts jours. L’histoire com- mence en 1872, la même année que le livre est publié. Pour cette raison et parce que le personnage principal est anglais, nous devons nous intéresser à l’honneur et aux va- leurs de l’époque victorienne.

1.2.1 L’honneur

La définition de l’honneur a changé au fil des ans : dans le Dictionnaire de Furetière de 1699 et le Dictionnaire de l’Académie française de 1694 et de 1762 on présente la définition de l’honneur comme la « reconnaissance sociale d’une attitude vertueuse », par exemple la reconnaissance de l’estime, la réputation et les privilèges concrets : c’est la réussite de la vertu (cité d’après Venturino 2011 : 11).

En même temps, selon le Cid, l’honneur comprend aussi la conscience face au déshonneur, c’est-à-dire les gens savent qu’ils peuvent perdre leur honneur s’ils se conduisent mal. En 1771, le Dictionnaire de Trévoux ajoute à cette définition que la no- tion de la gloire peut être utilisée comme synonyme de l’honneur.

En 1874 le Littré a intégré les définitions antérieures et complète la définition de l’honneur : « […] le sentiment qui fait que l’on veut conserver la considération de soi- même et des autres. […] ; l’honneur est également la qualité qui nous porte à faire des actions nobles et courageuses ; vertu, probité » (Le Littré, cité d’après Venturino 2011 : 11-12). Pour cette étude, on utilise la définition finale du Littré. Bien que la définition

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de Trévoux n'ait été publiée que deux années après notre corpus, la définition corres- pond à l’image de l’honneur de l’époque, parce que les dictionnaires décrivent les temps de leur publication. Gertrude Himmelfard a dit dans une interview sur son livre The Demoralization of Society2 que la vertu signifie un standard moral. Ce standard était fixé et quelque chose que tous les personnages en toutes circonstances et à tout mo- ment devraient être jugés : à l’époque victorienne ce standard comprenait, par exemple, le travail, la tempérance, l’ordre, la responsabilité et la charité3.

En d’autres mots, la notion d’honneur au moment où Jules Verne écrit Le Tour du monde en quatre-vingts jours pourrait être définie ainsi. L’honneur a deux dimen- sions : la disposition à toujours agir bien et avec honnêteté et aussi la reconnaissance sociale d’une attitude vertueuse. La première dimension contient la combinaison de la vertu et de la probité : c’est la volonté de faire des actions nobles et courageuses ou le sens du devoir. En d’autres mots c’est le sentiment de la considération de soi-même.

La deuxième dimension est la reconnaissance sociale de la vertu et de la probité (p. ex.

la gloire ou l’estime pour quelqu’un ou sa réputation) : c’est le sentiment de considé- ration des autres. Il contient aussi la conscience face au déshonneur : l’honneur peut être perdu à cause d’inconduite.

Nous voudrions aussi expliquer la notion de gentleman parce que cette notion est souvent utilisée et très importante dans notre corpus. Selon Samuel Smiles (cité d’après Briggs 1990 : 95), le gentleman est un homme noble et honnête ; capable de se sacrifier pour ceux qu'il dirige. Il n’est pas seulement un homme d’honneur mais aussi un homme consciencieux, qui a des instincts généreux et des pensées justes. C’est quelqu’un qui, par nature et selon ses principes, se conduit bien.

Avant de passer à l’analyse, nous présenterons les valeurs importantes pour notre étude. Ces valeurs sont importantes car les respecter apporte la reconnaissance dans la société, qui était l’un des critères pour être un homme d’honneur.

1.2.2 Les valeurs à l’époque victorienne

Les valeurs dominantes sont celles de la classe supérieure riche (Sigsworth 1988 : 1). Les valeurs sont notamment self-help ou l’effort personnel, l’autonomie économique, l’entrepreneuriat, la charité de l’individu, la discipline familiale et la moralité sexuelle stricte (Marsden 1990 : 2 ; Briggs 1990 : 86), mais aussi la conformité à la loi et la ponctualité (Walvin 1987 : 79, 139).

L’effort personnel était une vertu importante pour les gens de l’époque. Cela si- gnifiait l’idée que chacun doit faire des efforts pour s’améliorer ; compter sur soi- même était plus souhaitable que recourir aux autres (Briggs 1990 : 86-87). C’est aussi valable dans l’autonomie économique : la fortune et sa présentation était des indica- tions de statut. L’entrepreneuriat était aussi bien une manière de faire fortune que de représenter la puissance industrielle de l’empire (Bradley 1990 : 82).

La charité de l’individu était en même temps une façon de présenter la fortune de la personne et une indication du statut (Walvin 1987 : 96). C’est aussi une bonne

2 En français « La démoralisation de la société »

3 Religion & Liberty https://www.acton.org/pub/religion-liberty/volume-5-number-4/lear- ning-victorian-virtues consulté le 14/04/2021

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méthode pour montrer la considération portée aux autres : elle est une façon de faire des actions nobles.

La moralité sexuelle stricte était plus dirigée vers les femmes donc elles sont ju- gées selon leur conduite sexuelle : leur valeur était d’être chastes. La sexualité des femmes était toujours à l’intérieur du mariage et très intime. Elle est aussi liée à la discipline familiale. Les époux étaient les chefs de famille et les épouses sont les piliers de la maison (Walvin 1990 : 122-125).

La conformité à la loi était devenue une valeur importante à la fin du siècle (Wal- vin 1987 : 79). La ponctualité, en revanche, indique une bonne éducation et le statut.

Nous pouvons noter que les valeurs de l’époque correspondent avec notre défi- nition de l’honneur, mais elles sont aussi en lien avec les vertus de l’époque. Nous sommes capables de trouver la plupart des valeurs que nous avons choisies pour notre recherche mais il y a des choses comme la discipline familiale et la moralité sexuelle stricte qui ne sont pas présentes dans notre corpus : Fogg n’a pas d’enfants et n’est pas marié.

Si on voulait analyser cela, on pourrait par exemple analyse une personne différente (p. ex Mrs. Aouda) ou un autre livre.

Nous passons maintenant à l’analyse.

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Pour analyser la représentation de l’honneur dans Le tour du monde en 80 jours, il est nécessaire de se familiariser avec l’auteur du livre.

2.1 Jules Verne

Jules Verne naît le 8 février 1828 à Nantes. Depuis son enfance, il s'intéresse à l'aven- ture et aux voyages. À l'âge de 11 ans, il fait une fugue qui échoue. Cependant, il ne se décourage pas, et fixe son attention sur la poésie et les machines (de la Fuÿe 1966 : 9, 22 ; Karilas 1986 : 82). Cette passion pour les machines et la nouvelle technologie est visible dans tous ses ouvrages. C’est pourquoi Verne est souvent considéré comme l’un des premiers écrivains de science-fiction (Polvinen 2004 : 12).

En 1849, le jeune homme entre en contact avec Alexandre Dumas, un écrivain français bien connu pour ses livres comme Les Trois Mousquetaires (1844) et Le comte de Monte-Cristo (1844-1846). Il rencontre aussi son fils, Alexandre Dumas fils, avec qui il travaille sur un manuscrit de comédie, Les pailles rompues (Allotte de la Fuÿe 1966 : 37 ; Karilas 1962 : 82). Avec la représentation de cette pièce au Théâtre-Historique à Paris en 1850, le début de sa vie d’auteur commence.

Le 10 janvier 1857, Jules Verne se marie avec Honorine Morel, qu’il a rencontré à Amiens en 1856 (Allotte de la Fuÿe 1966 : 70-71, 78).

Durant les années 1850, Verne rencontre Pierre-Jules Hetzel, l’éditeur d’écrivains connus comme Honoré de Balzac et Victor Hugo. Hetzel publie la plupart des livres de Verne. C’est Hetzel, qui crée la série des Voyages extraordinaires pour Verne (Pol- vinen 2004 : 258) La première publication de cette série, Cinq semaines en ballon, paraît en 1863.

Au fil du temps l’auteur prolifique écrit plusieurs ouvrages pour Hetzel. Les ou- vrages les plus connus comme Voyage au centre de la Terre (1864), De la Terre à la Lune (1865), Vingt mille lieues sous les mers (1872) et Le tour du monde en quatre-vingts jours (1872) sont publiées comme des feuilletons dans le Magasin d’éducation et de récréation avant d’être publiées comme des livres. Ses ouvrages sont souvent considérés comme

2 ANALYSE

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pionniers du genre de la science-fiction (Sjöblom 1999 : 47, 53, 56, 79, 99). Selon Arthur B. Evans dans l’article de Britannica4, sa carrière était un grand succès dès le début. Sa première œuvre est devenue un livre à succès au niveau international et sa réussite continue bien après sa mort.

L’auteur à succès s’installe à Amiens avec son épouse Honorine en 1871, et de- vient conseiller municipal en 1888 (Karilas 1962 : 85-86). Pour son dévouement en 1892, il est promu comme Officier de la Légion d’honneur ; l’écrivain était devenu Chevalier de la Légion d’honneur en 1870 (Allotte de la Fuÿe 1966 : 129, 185).

Le père de la science-fiction meurt le 24 mars 1905 à Amiens du diabète (Allotte de la Fuÿe 1966 : 215). Après son décès, son fils Michel Verne publie quelques ouvrages de son père. Le dernier livre de Verne, Paris au XXe siècle, est publié en 1994 (Sjöblom 1999 : 62).

La vente des ouvrages de Jules Verne est restée importante à ce jour. Selon l’ar- ticle de Britannica, ses ouvrages ont été traduits dans plus de 140 langues et en même temps il est devenu l’un des auteurs individuels les plus traduits. Ses ouvrages sont aussi adaptés en films et en autres formats. Son amour des machines l’a aidé à prédire plusieurs choses comme l’utilisation des moyens de transport plus rapides (Karilas 1962 : 86). Son talent littéraire a aussi influencé des scientifiques, des inventeurs et des explorateurs à travers le monde. Des personnes ont essayé de voyager autour du monde le plus vite que possible, comme Phileas Fogg (Evans, Britannica, 20/3/2021).

Bien que ses ouvrages soient souvent considérés comme de la science-fiction, plusieurs sont décrits comme des histoires d’aventure (Polvinen 2004 : 258) C’est aussi le cas de corpus, Le tour du monde en quatre-vingts jours.

2.2 Le corpus

Le tour de monde en quatre-vingts jours est un roman de Jules Verne (1828-1905). L’ou- vrage raconte l’histoire de Phileas Fogg, un gentleman anglais qui en 1872 fait le pari de 20 000 livres sterling de traverser le monde en quatre-vingts jours. Il part avec son nouveau serviteur Passepartout. Ils sont suivis par l’inspecteur Fix, qui suppose que Fogg est un criminel responsable d’un braquage. Nos héros rencontrent des pro- blèmes et aussi d’autres personnes quand ils traversent le monde.

Pour notre corpus, nous avons choisi des extraits de neuf chapitres du Tour de monde en quatre-vingts jours ; chapitres I, II, III, XII, XIII, XXV, XXIX, XXX et XXXVI.

Nous avons choisi les chapitres I, II et trois parce qu’ils définissent bien comment Phi- leas Fogg est comme personnage, les chapitres XII, XIII. XXX, XXV et XXIX évoquent le sens d’honneur de Fogg et le chapitre XXXVI donne la conclusion de l’histoire.

Avant d'arriver à l'analyse, nous présentons rapidement notre méthode d’ana- lyse.

4 https://www.britannica.com/biography/Jules-Verne

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2.3 La méthode d’analyse

Voici comment nous avons procédé pour répondre à notre question de recherche

« Comment l’honneur est-il représenté dans notre corpus ? ».

Premièrement nous avons établi la notion de l’honneur à la fin du XIXe siècle : c’est la disposition à toujours agir bien et avec honnêteté et aussi la reconnaissance sociale d’une attitude vertueuse. Deuxièmement nous avons choisi d’analyser la re- présentation de l’honneur en nous concentrant sur un personnage. Bien que Le tour du monde en quatre-vingts jours ait plusieurs personnages qui auraient pu faire l’objet de notre recherche, nous avons choisi le personnage principal, Phileas Fogg. C’est un gentleman et il présente des aspects de l’honneur : il est un poli, honnête et courageux, qui agit toujours selon ses idéaux et que les autres respectent.

Pour savoir en quoi Phileas Fogg est représenté comme un homme d’honneur, nous avons étudié les mots et expressions qui sont utilisés pour décrire Fogg, son ca- ractère et ses actions. En analysant le vocabulaire et les informations choisies, nous sommes arrivés à quatre discours différents, qui sont les suivants :

1) Le discours de la vertu et du devoir

2) Le discours du courage et le discours de l’héroïsme 3) Le discours du privilège et du statut

4) Le discours de la réputation et de l’estime

Ces quatre discours peuvent être réunis dans les deux grandes catégories qui corres- pondent à la définition de l’honneur que nous avons établie : le sentiment de considé- ration de soi-même et le sentiment de considération des autres.

La représentation de l’honneur chez Phileas Fogg sera mise en perspective avec les représentations de l’époque ; de cette manière, on peut voir en quoi le personnage reflète les idéaux de l’époque et en quoi il s’en détache.

2.4 Analyse du corpus

Dans cette partie, nous analyserons la représentation de l’honneur dans Le tour du monde en 80 jours en nous intéressant exclusivement au personnage de Phileas Fogg.

Nous étudions d’abord le sentiment de considération de soi-même et ensuite le senti- ment de considération des autres.

2.4.1 Sentiment de considération de soi-même

Nous avons déjà expliqué dans la partie théorique que le sentiment de considération de soi-même est la disposition à toujours agir bien et avec honnêteté. En d’autres mots, c’est ce qui fait un homme d'honneur. Dès la première page nous faisons connaissance du personnage principal, Phileas Fogg.

(15)

15

Extrait 1)

[…] c'était un fort galant homme et l’un des plus beaux gentlemen de la haute société anglaise.

(Verne 1991 : 1)

Il est décrit comme un gentleman : un homme noble, loyal et agréable qui a de bonnes manières et le sens de l’honneur. Il agit bien et il est respecté.

Les discours qui représentent Fogg comme homme d’honneur sont le discours de la vertu (la modération et la charité) et du devoir et le discours du courage et de l’hé- roïsme.

2.4.1.1 Le discours de la vertu et du devoir

Phileas Fogg est présenté comme un homme vertueux, modéré et charitable et comme un homme ayant le sens du devoir.

Tout d’abord nous pouvons observer que Phileas Fogg est un homme modéré, qui garde le juste milieu :

Extrait 2)

Il n'était prodigue de rien, mais non avare, car partout où il manquait un appoint pour une chose noble, utile ou généreuse, il l'apportait silencieusement et même anonymement.

(Verne 1991 : 4)

Il n’est ni une personne dépensière ni une personne avare. Ce trait de caractère, la tempérance, est un des composants de l’honneur tel qu’il est compris au XIXe siècle (voir la définition de l’honneur en 1.2.1.).

D’autre part, il est charitable et ce, parce qu’il veut être comme ça, et pas parce qu’il craint le jugement des autres. Ses actions nobles se manifestent de l’intérieur et c’est pourquoi il n’a pas besoin de validation et il peut faire les choses nobles anony- mement. Il ne fait pas étalage de sa richesse. L’extrait 3 confirme qu’il est un homme charitable : quand il gagne de l’argent au jeu, il ne le garde pas mais en fait don.

Extrait 3)

Son seul passe-temps était de lire les journaux et de jouer au whist. À ce jeu du silence, si bien appro- prié à sa nature, il gagnait souvent, mais ses gains n'entraient jamais dans sa bourse et figuraient pour une somme importante à son budget de charité. D'ailleurs, il faut le remarquer, Mr. Fogg jouait évi- demment pour jouer, non pour gagner.

(Verne 1991 : 4-5)

Dans l’extrait 4, Fogg vient de sauver Passepartout des Indiens, et il explique cette action par une pensée :

Extrait 4)

Par cette résolution, Phileas Fogg se sacrifiait tout entier. Il venait de prononcer sa ruine. Un seul jour de retard lui faisait manquer le paquebot à New York. Son pari était irrévocablement perdu. Mais de- vant cette pensée: « C'est mon devoir! » il n'avait pas hésité.

(Verne 1991 : 269)

Fogg fait ici preuve de son sens du devoir. C’est évident que les camarades de Fogg sont plus importants pour lui que son pari. Ainsi ce n’est pas une surprise qu’il sacrifie sa victoire pour sauver Passepartout. Mais en même temps s’il ne va pas sau- ver son ami il perdra aussi son honneur aussi bien que son ami. Pourtant en allant sauver Passepartout il prouve qu’il est un homme d’honneur, capable de se sacrifier.

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En même temps il indique qu’il ne pense pas seulement à lui-même et à son honneur mais aussi aux autres ce qui le pousse à sauver Passepartout :

Extrait 5)

Sans doute… mais puis-je risquer la vie de cinquante pour en sauver trois?

—Je ne sais si vous le pouvez, monsieur, mais vous le devez.

—Monsieur, répondit le capitaine, personne ici n'a à m'apprendre quel est mon devoir.

—Soit, dit froidement Phileas Fogg. J'irai seul!

Vous, monsieur! s'écria Fix, qui s'était approché, aller seul à la poursuite des Indiens!

—Voulez-vous donc que je laisse périr ce malheureux, à qui tout ce qui est vivant ici doit la vie? J'irai.

(Verne 1991 : 270)

Les extraits 4 et 5 confirment que Fogg est un homme qui se conduit toujours selon son sens du devoir. Sa volonté de se conduire de cette manière honorable est tellement forte que les situations dangereuses ne l’empêchent pas de faire les actions qu’il veut faire. Sa conduite altruiste est aussi courageuse. Le sens du devoir de Fogg est présent dans le livre entier, mais souvent il est associé avec des situations où Phi- leas Fogg montre un grand courage. On peut dire que son courage jaillit de son sens du devoir. Fogg ne fait jamais les choses nobles ou courageuses parce qu’il est forcé par les autres. C’est toujours volontaire.

2.4.1.2 Le discours du courage et de l’héroïsme Dans l’extrait 6, le courage sincère de Fogg manifeste :

Extrait 6)

«Si nous sauvions cette femme? dit-il.

—Sauver cette femme, monsieur Fogg!… s'écria le brigadier général.

—J'ai encore douze heures d'avance. Je puis les consacrer à cela.

—Tiens! Mais vous êtes un homme de cœur! dit Sir Francis Cromarty.

—Quelquefois, répondit simplement Phileas Fogg, quand j'ai le temps.»

(Verne 1991 : 94)

Bien que Fogg ait eu une raison de sauver Passepartout, il n’a pas de raison de sauver une femme qu’il ne connait pas mais malgré cela il veut le faire. Il n’obtient rien en échange. Il la sauve seulement, parce qu’il est un homme de cœur qui a le temps. Il agit selon sa morale et courageusement. Dans le processus il obtient le respect des autres. L’extrait 7 confirme la même chose : il n’hésite pas à risquer sa vie et sa réussite.

Extrait 7)

Le dessein était hardi, hérissé de difficultés, impraticable peut-être Mr. Fogg allait risquer sa vie, ou tout au moins sa liberté, et par conséquent la réussite de ses projets, mais il n'hésita pas.

(Verne 1991 : 94)

Dans l’extrait 8, ce n’est pas seulement Fogg qui est considéré courageux :

Extrait 8)

Ce récit ne pouvait qu'enraciner Mr. Fogg et ses compagnons dans leur généreuse résolution.

(Verne 1991 : 96)

(17)

17

On peut noter que les actions courageuses qui sont aussi généreuses. Leur déci- sion de sauver une femme inconnue est quelque chose de généreux. Les extraits de 4 à 8 montrent tous que Fogg est un homme très altruiste.

Extrait 9)

À ce moment, Sir Francis Cromarty et le guide retinrent Phileas Fogg, qui dans un moment de folie généreuse, s'élançait vers le bûcher…

(Verne 1991 : 103)

L’extrait 9 nous montre bien que Fogg est souvent présenté comme modéré et froid, mais dans le fond du cœur sa nature courageuse et son sens du devoir sont tellement fortes qu’elles se manifestent dans les situations très graves. Tous nos ex- traits indiquent que Fogg est capable de faire des actions nobles et courageuses selon son sens du devoir et il est déterminé à le faire. Donc on peut dire que pour lui, l’ab- négation est un trait de caractère typique.

Pour conclure cette partie, Fogg est un homme très courageux, qui agit selon ses instincts et est capable de se sacrifier pour les autres, et un homme charitable et bien élevé : un véritable gentleman. Il correspond donc bien avec la conception de l’hé- roïsme de l’époque : il fait les actions nobles et courageuses de son plein gré et son sens du devoir est très notable. On retrouve aussi chez lui la partie vertueuse de l’hon- neur (l’honnêteté et la noblesse, et la valeur de la charité de l’individu) et son sens du devoir est fort. Donc il présente bien les caractéristiques individuelles de l’honneur à l’époque.

2.4.2 Sentiment de considération des autres

Passons maintenant au sentiment de considération des autres. C’est la reconnaissance sociale de la vertu et de la probité. En d’autres mots, c’est ce qui fait un homme estimé.

Les discours dans cette catégorie sont le discours du privilège et du statut et le dis- cours de la réputation et de l’estime. Le premier contient des idées comme la richesse et l’autorité. Le second discours est l’avis que les autres ont de lui qui peut changer selon ses actions : une mauvaise conduite peut agir négativement et bonne conduite au contraire agit positivement. C’est pourquoi la conduite de chacun est très impor- tante pour l’honneur.

2.4.2.1 Le discours du privilège et du statut

Nous avons déjà observé dans les extraits 2 et 3 que Phileas Fogg est riche : il a assez de l’argent pour faire des dons. Un autre signe qu’il est un homme privilégié est fait clair dans les premiers chapitres :

Extrait 10)

Phileas Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout.

(Verne 1991 : 3)

Le Reform-Club est un Gentlemen’s Club, une association honorable où seulement les hommes riches de la haute société peuvent être membres : il est certainement un homme privilégié. Sa richesse est confirmée dans l’extrait 11 :

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18

Extrait 11)

À qui s'étonnerait de ce qu'un gentleman aussi mystérieux comptât parmi les membres de cette hono- rable association, on répondra qu'il passa sur la recommandation de MM. Baring frères, chez lesquels il avait un crédit ouvert […] due à ce que ses chèques étaient régulièrement payés […] était-il riche ? Incontestablement.

(Verne 1991 : 3)

Il remplit les conditions pour être membre du Club : il a une position élevée dans la société, il est donc aussi un homme de statut et aussi un homme intègre. Son crédit ouvert et les chèques régulièrement payés prouvent qu’il est digne de confiance et riche.

Extrait 12)

Calme, flegmatique, l'œil pur, la paupière immobile, c'était le type achevé de ces Anglais à sang-froid qui se rencontrent assez fréquemment dans le Royaume-Uni […] Vu dans les divers actes de son exis- tence, ce gentleman donnait l'idée d'un être bien équilibré dans toutes ses parties, justement pondéré, aussi parfait qu'un chronomètre de Leroy ou de Earnshaw.

(Verne 1991 : 9)

L’extrait 12 nous donne plus d’informations sur son personnage. Il est calme et imperturbable, mais comme l’extrait 9 l’a déjà montré, il est aussi passionné quand la situation l’exige. Les discours précédents prouvent que Fogg n’est nullement indiffé- rent ou stupide, en revanche il est prudent et calme extérieurement. Sa nature équili- brée et sa ponctualité sont encore présents. Cela parle d'une bonne éducation : il a clairement l'habitude de se comporter avec tact et ponctualité. L’extrait suivant appuie la nature précise de Fogg :

Extrait 14)

Phileas Fogg était de ces gens mathématiquement exacts, qui, jamais pressés et toujours prêts, sont économes de leurs pas et de leurs mouvements. Il ne faisait pas une enjambée de trop, allant toujours par le plus court. Il ne perdait pas un regard au plafond. Il ne se permettait aucun geste superflu. On ne l'avait jamais vu ému ni troublé. C'était l'homme le moins hâté du monde, mais il arrivait toujours à temps.

(Verne 1991 : 10)

Fogg on est un homme précis et posé qui mène une vie stable. Il a clairement reçu une bonne éducation de la classe supérieure donc il est un homme privilégié.

Bien que la conduite de Fogg indique qu’il est très ponctuel, c’est plus une caractéris- tique de Fogg qu’une partie de l’honneur, mais cela nous dit que c’est un homme sur lequel on peut compter. Sa ponctualité nous donne plus d’information sur lui :

Extrait 15)

Toutefois, Phileas Fogg exigeait de son unique domestique une ponctualité, une régularité extraordi- naire. Ce jour-là même, 2 octobre, Phileas Fogg avait donné son congé à James Forster—ce garçon s'étant rendu coupable de lui avoir apporté pour sa barbe de l'eau à quatre-vingt-quatre degrés Fa- hrenheit au lieu de quatre-vingt-six.

(Verne 1991 : 6)

Dans l’extrait 15 il a licencié son ancien serviteur. Le fait qu’il ait un serviteur est un symbole de statut. D’autre part, il attend un service convenable pour son statut : même les plus petites erreurs peuvent conduire à être renvoyé de son travail. L’extrait montre aussi que Fogg est un homme particulièrement rigide qui suit ses principes à la lettre.

(19)

19 2.4.2.2 Le discours de la réputation et de l’estime

Le concept de la réputation est très important durant le livre entier. C’est avec la ré- putation que démarre l’histoire du livre :

Extrait 16)

Un bon Anglais ne plaisante jamais, quand il s'agit d'une chose aussi sérieuse qu'un pari, répondit Phileas Fogg. Je parie vingt mille livres contre qui voudra que je ferai le tour de la terre en quatre- vingts jours ou moins, soit dix-neuf cent vingt heures ou cent quinze mille deux cents minutes.

(Verne 1991 : 23)

Dans l’extrait 16, Fogg fait un pari de 20 000 livres, qui correspond à environ 2 276 500 livres ou 2 629 450 euros en 2021. Pour Fogg c’est une affaire sérieuse : il est sûr qu’il peut atteindre ce qu’il prévoit de faire. Il ne fait pas le pari d’atteindre quelque chose, il veut seulement prouver qu’il a raison. En perdant le pari non seulement il perd 20 000 livres mais en plus sa réputation et par extension son honneur sont affec- tés négativement. C’est aussi la même chose dans l’extrait suivant :

Extrait 17)

Je reviendrai en Amérique pour le retrouver, dit froidement Phileas Fogg. Il ne serait pas convenable qu'un citoyen anglais se laissât traiter de cette façon.

(Verne 1991 : 222)

Dans l’extrait 17 Fogg jure de retourner en Amérique pour trouver le Colonel Proctor, un homme qui a porté atteinte à son honneur. Cela nous dit qu’il sait que ça abime sa réputation. Pour Fogg ce n’est pas acceptable qu’un citoyen anglais se laisse traiter d’une manière qui ne serait pas convenable. En tant que citoyen anglais il n’ac- cepte pas cette injustice.

Plus tard dans l’histoire ils se rencontrent :

Extrait 18)

Voulez-vous me donner rendez-vous dans six mois?

—Pourquoi pas dans six ans?

—Je dis six mois, répondit Mr. Fogg, et je serai exact au rendez-vous.

(Verne 1991 : 260)

Proctor, qui ne connaît bien pas Fogg, doute de lui et de sa promesse d’une ren- contre dans six mois. Leur conversation indique que plus Fogg retarde le rendez-vous, plus il semble être un poltron. Parce que le courage est une partie de l’honneur, les couardises l’abiment. Cependant, on leur offre une possibilité de se battre tout de suite :

Extrait 19)

Le conducteur leur demanda s'ils voulaient bien, pour quelques instants, laisser la place libre à deux gentlemen qui avaient une affaire d'honneur à vider.

(Verne 1991 : 262)

Pour la société dans le livre, c’est complètement normal d’avoir un duel pour défendre son honneur. En gagnant le duel les personnes peuvent prouver qu’elles sont dignes de leur réputation. En même temps, elles obtiennent l’estime des autres. Mais le moment qui apporte à Fogg le plus d’estime est la victoire de son pari.

(20)

20

Extrait 20)

«Me voici, messieurs», disait-il.

(Verne 1991 : 235)

Voici ce que dit Fogg pour les autres gentlemen. Il se ne vante pas : à la fin de l’histoire Fogg gagne le pari et en même temps il devient un homme de grande gloire.

Il a prouvé qu’il est digne de confiance et est donc un homme estimé.

Dans la partie de sentiment de considération des autres, les définitions de l’hon- neur de l’époque correspondent bien avec ce qui est dit de Fogg. Quelques-unes des valeurs qui ajoutent la reconnaissance à la société (l’autonomie économique, la ponc- tualité) sont présentes mais les autres (voir les valeurs en 1.2.2.) sont absentes ou fai- blement présentes. Mais les caractéristiques de l’honneur associées avec cette partie sont bien présentées. Il est représenté comme un homme riche, bien élevé, privilégié et de bonne réputation dès le début et durant l’histoire il a obtenu plus encore de bonne réputation et d’estime. Il a bien défendu son honneur.

(21)

21

Dans notre travail nous avons étudié la représentation de l’honneur dans le livre de Jules Verne Le tour du monde en quatre-vingts jours en analysant le personnage principal Phileas Fogg. Ce qui nous a intéressé est comment Fogg a été représenté comme un homme d’honneur. Nous avons expliqué la notion de l’honneur et nous avons analysé le vocabulaire utilisé dans notre corpus. Nous avons voulu voir si la représentation de l’honneur du personnage correspondait avec l’idée de l’honneur de l’époque.

Bien que peu des valeurs qui renforcent le statut dans la société sont présents dans le corpus, il semble que toutes les autres caractéristiques de notre définition de l’honneur à l’époque sont présentes. Nous avons trouvé que Phileas Fogg est repré- senté comme un vrai gentleman qui agit toujours bien et d’une manière honnête et noble. Il agit selon sa morale et son sens du devoir, autrement dit il est courageux et il n’abandonne pas ses amis même à la face de mort. Ses connaissances l’apprécient et le respectent comme il se respecte lui-même et les autres. Donc nous croyons que Fogg incarne bien l’honneur à l’époque victorienne.

L’étude aurait pu être améliorée par l’analyse d’extraits un peu plus variés. Par exemple les extraits à la catégorie le sentiment de considération de soi-même sont très si- milaires donc les extraits qui analysent le sens du devoir sont, à notre avis, interchan- geables avec les extraits qui analysent le courage.

Nous pensons que les études futures pourront analyser les autres personnages du Tour du monde en quatre-vingts jours. Les personnages comme Passepartout et dé- tective Fix n’ont pas le même statut que Fogg, mais les deux montrent des qualités comme le courage et le sens du devoir. Un autre point de vue pourrait être d’analyser l’honneur du point de vue de la seule femme importante pour l’histoire : Mrs Aouda.

On pourrait par exemple comparer les idéaux pour les rôles de la femme et de l’homme : si Fogg est un vrai gentleman, peut-être Mrs Aouda est une vraie dame.

3 CONCLUSION

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