DU SYSTEME
DES LIMITES NATURELLES.
SUITE DU PLANT DE PACIFICATION
.
1jLVïenneferoit plus jufte qne.de prendrepourbafe d'untraité depaix, leslimites naturelles des diffe- renspeuples;rien neferoit plusutilepour procu- rerà l'Europeunepaix folideetdurable. Iln'ya pas,et ilnepeut y avoir ladefius des opinions contraires. On convient encoreque les moyens propofés dansnotreplan depacification, font fim- plesetfacileseneuxmêmes;mais onfoutient en mêmetemps,queceplann'eneft pas moins impof- fible àréaiifer; et pourquoi? parceque la volonté manqueà ceux qui règlent les deftinsdel'Europe.
Voilàdonc unplan de paix auquelon nepeut refufer la folidité
,
lajuftice,
l'utilité,
lafacilité; il fera cependant négligé;parcequ'il plait àl'im-pe-
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pératrîcede KuiTie demettreun fécond trône dans famaiion,ouun quatrième dans la maifon de Hol- ftein; parceque la maïfon d'Autriche fe plaindra que lamaifon deBrandebourg acquertplus qu'elle
<]anscefyftéme; &c. ainfi dansles affaires del'im- portance la plusfacrée, lorsqu'il s'agit du falut des nations
,
onentendra éternellement parler de l'in- térêt d'une maifon fouveraine; jamais de l'intérêt despeuples;
des rois audacieux trafiqueront des provinces d'un pays,
comme on trafique d'ef- clavesenTurquie;bientôt la guerreéclatera entre ces princes, etles frères feront obligés de prendre les armes contreles frères, etles concitoiens de fe baigner danslefangdeleurs concitoiens. O! jusqu'à quand ferezvousauiîibarba- res que les peupleslesplus fauvagesdel'Afrique?
'jusqu'à
quand
un peupleégorgera-t-il lepeuple voi- dln,fans enfavoir la raifon,etfouvent,contre lesintérêts
les plus chers?Nous fommes bien éloignés cependant d'ap- pellerparcelangage les peuples àlarévolte con-
treleursfouverains;ileft dangereux de brifermê- mele jougpefant fous lequelongémit. La France en offre un trifte exemple. Elle brille audehors par les exploits de fes guerriers;mais elle fouffre dans
l'intérieur
de fes provinces:elleamisenfui-teles
ennemis
étrangers;mais la guerre civile n'efl■"
*
n'eft pas encor éteinte:elle a toutdétruit', et n'a rien édifié.
Mais un peuple peut, fans être traité defé- ditieux,repréfentef fes vrais intérêts aufouverain;
le Hongroispeutdire à
l'Empereur:
Ne franchif- fez point lesmontsKrapacks;lahTez les Polonois former un même peuple,
et nedémembrez point«ne de leurs provinces quinepeutajouter beau- coup à votrepuiffance; adoptez un plan ou vous pouvez obtenir LaSiléfie enrenonçantauxpays-bas:
nousvousdirons plus: voulez-vous rendrevosfor- ces plus impofantes?contenez vousdansl'enceinte des provinces qui forment la malTe de vos états.
Abandonnez le milanezauducdeTofcane;échan- gez le Brisgaw;n'ayez plus de frontière commu- neavec laFrance; calculez ce queproduifenc les petites provinces quivous enapprochentetcequ'il vous enacoûté de fangetdetréfors pour les con- ferver
. . .
depuis que nous vous avons choifi pour régner fur nous,
vous n'avezceffé de verfernotre fangcontrelaFrance;fans vous,nous ne connaîtrions les Français que denom; vous feul attirez fur nous les malheurs dela guerre, dont la nature avoulu nousgarantir;les fouverains doi- vent-ils avoir d'autres
intérêts
que ceux de leurs peuples?Voila
Voilà
lelangage de la raifon,
de la juftice,
dela faine politique, mais ilfera traité de féditieux à la cour deVienne,et dans toutesles cours de l'Europe;les Rois out oublié qu'ils baiffoient au- trefois les faisceaux devant la majefté du peuple;
ils ontoublié que les fermens deleurfacre, font unhommagequ'ilsfontà la nation. Oui,fansdou- te,chaque citoïendoit le refpeét le plus profond au Monarque; mais leMonarque doit le refpeét le plusprofondàfon peuple.
Cependantpuisquenousfommes dansunfiècle affezéclairé, pour connoîtreque les vrais intérêts desnations,nedoivent point être facnfiésà la folle ambition desfouverains,voyonss'iln'y auroitpoint demoyens dedéterminer, oudeforcer les volon- tés àadopterlefyftéme deslimites naturelles.
On traite enfin de la paix,etla fuspenlîon d'armes eft proclamée. Epuifées par leurs efforts criminels, les puiffances regrettent non Je fang qu'ellesontrépandu
,
mais den'avoirplusdefang à répandre. Lesintérêts refpeftifs des alliés ont changé. Ilsfe font
unispour ravir,
commenous l'avonsdit,ilsfe divifeni
pourpartagerleur proye.La Ruiïie plus éloignée dugrand Théâtre de la guerre oùelleaengagé lesautres,prétend demeu-»
rermaitreffe decequi refte de la Pologne après le fe-
fécond partage, c'eft à dire du cours de la
Viftule
et duNiémen;etveut,oul'unir à fa vafte Monar- chie,ouélever leDuc Conftantin fur fon trône.
La PruiTe juftement allarmée nepeutplus diffimu- ler fes craintes. Ellevoitenfin qu'elleaplusare- douter de l'ambition de laRuflle,que delaconta- gion prétendue des principes desfrancois;elle voit quefi la Pologne tombefous la domination de la Ruiïie
,
ou d'unprince de cettenation,
leroide Pruffe redeviendra fimple électeur deBrandebourg;que le danger eft imminent; quecefera la révolu- tion la plus prochaine. La Pruiîe fe fépare donc delacoalition;elle cherche à fe rapprocher dela France età faire unepaix particulière; mais quelle fera labafedecetraité? fera-t-ilfondé,peut-il être fondé fur le fyftéme des limites naturelles?
La Convention françoife paroît avoir adopté le fyftéme deslimites naturelles.
Vu
de fes dé- putés l'a expofé dansun difcours prononcé unmoisaprès la publication denotreplan de pacification,
etla Convention en aordonné l'impreflion etla traduction dans toutesles langues. IVlais dansce discours,le fyftéme deslimites naturelles n'eftcon- fidéré que parrapportàla Franceetl'orateur négli- ge les intérêts de l'Europe. Cependant il n'étoit point indiffèrent de généralifer le fyftéme. C'étoit procurer à la France les moyens les plus glorieux,
les
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les plus juftes
,
les plus utiles,
les plus prompts, les plus» faciles de faire la paix. Effayons de dire ceque B. D'A. n'apoint dit et faifons quelques nouvellesobfervations fur les vrais intérêts dela France,desfouverains,etfurtout des peuples.La France etla Pruffe enfaifant la paix
,
doi-vent,félon les probabilités, fe garantir réciproque- mentla rive- gauche du Rhin,et lecours de la Warta;(a) mais unbut nonmoins effentiel eft d'empêcher la Ruïïïede s'emparer du refte de la Pologne. Danscettehypothéfe; oula France vou- dra que la Pologne reprenne fon rangparmi les nations,et
qu'elle
ait ungouvernementparticulier et indépendant; onelle confentint quele Roi de Pruffe devienne encor roidePologne.Danslepremier fyftéme, il eft très probléma- tique,quelaFrance réufifle à enlever laPologne à laRuffie. Elle n'auroit que la Pruiïeàlui oppo- fer il eft plusque douteux,que la Suéde quin'aque des intérêts éloignés, etnonune uti- lité préfente dans cetteguerre, veuille yprendre part les Turcs fontlents àémouvoir, ils voient très bien que les conteftations infen- fées des princes Chrétiens ne font pas prêtes à (a)Peutêtre
,
aulieu tle garantir lecoursde la Warta à la Pruffe, la France luipromettroitellela iécularifatian de quelques évêches d'Allemagne.7
àfinir,etilsne fe hâtent pas de les venirmettre àlaraifon. 11leur efi: affez doux d'ailleurs de voir tousles minières des Cours Européennes ramper baffement devanteux,pour mandter quelquesfe- coursafin des'entr
-
égorger l'Empereur qui dansceplan n'auroitaucuneindemnité à prétendre pour les pays-bas, s'y oppoferoit furement,etl'lm- pératrice aimeroit mieux lui céder quelque chofe en Pologne, aûn de s'emparer du reffce. Ainfi la Pruffe fe trouverait feule à combattre laRufîie, peut-être mêmel'Empereur; et ileft permis de douteralors du fuecès de fes armes.Ce premier fyftéme peutêtre confïdéré fous rmpoint de viie tout différent. Ilne feroit pas étonnant quelaPruffe jouât laFrance, fuivant la Politique européenneetfurtout cellede ceroyau- me. La Pruffe feroit la paixaveclaFrance;elle obtiendroitle tems derefpirer; elle réuniroit fes
troupespour en impofer àla Ruiïie. Celle-ci pourroit fe réfoudre à céder auxcirconftances,plu- tôtque de bravertoutesles forces de laPruffe;et finiroit par divifer avec elle,cequ'elle ne pouroit conferver enentier. Ainfi. lesviies de laFrance fur la Pologne feroientfruftrées, etle roi dePruffe l'auroit jouée impunément; carquel malpeut-ilen recevoir? quelques contributions levées dans fes petites provinces de Weftphalie? la Maûe de fes états
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\s
états eft trop éloignée pour avoir à craindre un coupfenfible.
Dans le fécond fyftéme où laPologne feroit donnée auroidePruiTe,le fuccés eft presquecer- tain,eton nepeutdouter que la Pologne nefoit enlevée àia Ruffie. La preuveen eft claire. C'en;
que toutesles puiffances de l'Europe y trouvent leurs intérêts; c'eft;que les provinces cédées par le roidePrufle,produiroient le même effet que firéellement la Pologne étoit partagée entreelles;
c'eft que toutesfont des
acquittions ,
ouréparentleurs
pertes. L'Empereur concourreroit donc à ravir la Pologne àlaRuffie; autrementquelde- domagement efpéreroit-
ilpour lespays-bas? Com- mentobtiendroit- illaSilefie,&c? Sila Franceveutplacer le roi de Prnffe fur le trône dePo- logne, elle auradonc l'Europe pour clic;fielle
veutfeulement rétablir laPologne dans fon pre- mierétat, elle aura peu ou point defecours, et plafieursennemis.
Mais développons d'avantage les intérêts de la France, et ceuxde quelquesautrespuuTancesdans cefécond fyftéme.
La Franceveutatteindre à fes limites naturel- les. Rien n'eft plus fage; c'eft le moyen d'éviter la plus-part des guerres. On doit s'étonner d'avoir entendu des membres de la convention parlercon- tre cefyftéme;onpourroit prononcer quecefont designorans, ou des traîtres.LaFrance,difent-ils, deviendroit tropétendue: mais elle s'étend main-
tenant jusqu'au 51dé^ré; elle s'étendroit alorsau 52.elle acquéreroit 25 lieues communes de France.
Pa-
»
Paris eft plus éloigné des frontières du midi qu'il nele feroit decelle du nord Elle feroittrop piaffante;troismillions d'hommesnelarendront pas beaucoupplusformidable,et nerépareront pas fespertespréfentes Elle eft mieuxdéfendue par fes placesfortes,qu'ellenelefera par leRhin:
nousavonsvu lecontraire,lorsque l'année derniè- reles alliés ontpénétré en Picardie» Toutesces barrièresn'ontpas empêché LouisXIV de voir l'en- nemiaumilieu de fes provinces,etdecraindre dans Verfailles. Bergopzoom.Breda, Boisleduc,Grave,
IWaeftricl,Nimégne, MayenceetLuxembourgne font pas des fortereffes méprifables; elles couvri- ront nonmoins{VirementlaFranceavecle Rhin.
Il nepeutdoncêtre douteux que la France n'aitleplus grand intérêt à obtenir le Rhinpourli- mite. ïVlais il faut légitimer cetteacquisition; il faut trouver des connpenfations pour les autres puiilances; ilnefaut point leur laiiler undéfir lé- gitimedefe vangerunjour delaFrance pour s'être enrichie de leursdépouilles. Il faut être juites, François; ceprincipe quifaitfourire les vùpixpo- litiques, doit être facré dans unétat naiiîanv',donc les premières démarches tracent la routeqae l'on doit fuivre dans l'avenir.
Vous
avezproclamé des principes d'équité; vousavez paru vouloir renon-cerà la politique tortueufe desRois;prendrepour régie les loixdelanature; vouloirnon
feulement
le bien dela patrie, mais de tousles peuples: fi ces belles maximes nefont pasdevains fons dansvotrebouche,fi vous voulez acquérir àvotregou«- une réputation d'équité, adoptez,le fy-
fte-
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< ftéme général des limitesnaturelles;faiffffez les reiïburcesquela Pologneattribuée à la Pruffevous
offre pour les établir, etpour indemnifer les puif- fances devos
acquittions;
qu'il n'y ait plus rien d'arbitraire,
etquela natureetnonla force donne laloi,lorsqu'on traiteradelapaix.Quelle
goirepour la convention que l'on a accufée de vouloir
*
bouleverfer tous lesétats, fi elle adopte un fyfté- me ou la raifonpeuttout,oula force devient nul- le;qni étouffe les germes des révolutions etdes guerres, ménage lefanghumain,afiure les limites etlespofiefiïonsdes peuples, s'oppofe à leursde-
membremens,met unfrein â l'ambitiondeconqué- rir,conduit àunepaix, finon éternelle,aumoins plus folide etplus durable que jamais: queldroit n'auroit-elie pas à la reconnoiffance des peuples!
quelle époque et quelle heureufe révolution dans l'univers!
Siaucontraire laFrance n'établit quepourelle, lefyiléme deslimites naturelles;fielleprétend re- culer{'esfrontétres jusqu'auRhin,fans s'embarraf- ferdegcompenfations à faire auxautrespuiffances, onne-verra plus chez elle que la politique vulgai- re et
criminelle
desautrespeuples;la force feule fera faloi,elleauraéchappé la plus belle occafion.d'unir
enfin la jufticeetl'utilité;elle n'obtiendra pas mêmecelle-ci,en oubliant la première.En effet fi vosennemis,François,
n'obtiennent
une jufte coinpenfation deleurspertes,je les vois, indignés de votreambition,vous jurer une haine éternelle;et toujoursprêtsà fe liguer denouveau contrevous: vouspourrez, il eft vrai,entriom- pher11
pherdanscemomentd'énergieetd'enthoufiafme qui tranfportelanation;vouspourrez obtenir îalimite
ambitionnée
desgrandes montagnes et desgrands fleuves;maisla nation nepeut fe foutenir long- temsà cedegré d'exaltation qui la rend aujour- d'huiinvincible;elle fendra fon extrêmefoibîeffe, après avoiréprouvé ceshorriblesconvulfîons;millegermes de troubles peuvent fe développer dans fonfein après lapaix;etfl fes ennemis lui inten- toient alors une nouvelle guerre,il eft douteux qu'elleretrouvala même force etla même éner- giepour les combattre.
La France abefoin de reposaprès les convul- fions de la révolution. Elle nepeut enattendre que d'une paix équitable et pofée fur de folides fonderaens;mais iltoutesles puiffances font dé- pouillées àcettepaix; fi elle feule s'enrichitde leurs
pertes,commentpeut-ellecompterfurdestraités?
Les Alliés onthumilié Louis XIV quiavoittriom- phé avectropd'orgueil;ils humilieront demême laFrance république, en feréunifiant contreelle dansunmomentfavorable,etilfaut craindre qu'el- lesnele trouventtrop tôt,dans ungouvernement
auffi
malaffermiquecelui de la France.Tout invite donc la France à embraffer le fyf- téme des limitesnaturelles,età donner la Polog- neàlaPrufie, afin d'affignerauxpuiffances les li- mitesetles compensions deleurspertes
...
Mais,dira-t-on,laRuffie s'oppofera àceplan
...
Cetteoppofition n'y doit cependant rien changer: car fuit quelaFrance veuille que la Pologne redevien- ne indépendante, comme dans fon premierétat;
foit
fbit
qu'elle
la donne'â laPruffe;laguerreeft éga- lementnéceffaire. Ce feroitpeut-êtrela feuleguer- rejufte,qu'il y auroit eu depuis long-temsenEu- rope; mais ilneferoit pas étonnant qu'elle futia feule qu'onnevoulut point entreprendre. Cepen- dantlaRuffie,pour éviter une nouvelle guerre,con- treunplus grand nombredepuùTances,pourroitfe contenterdecequi lui eft écftu dans la féconde invafion,et ne plus "s'oppofer àl'élévation de la maifon de Prufïe.Les autres puiffancesn*ont point d'intérêt à s'oppofer àte pian. La Bavière qui perdroit tou-
teslespoffeiïïonsaudelàduRhin,filaFrance triom- phe,yeft fortement intérefiee.
L'Empereurpeutvoir avecjaloufîel'élévation de laPruffe. Mais
l'Electeur
deSaxe, devenu Roi héréditaire dePologneneferoit pasbeaucoupmoinspuiffant, etle défir d'établir une communication entre laSaxeetla Pologne pouroit donner lieuun jour àdegrandes révolutions LaPruffe unie à laPologne feroit toujours bien inférieure aux états de la maifon d'Autriche. Celle-ci compte 124,000,000 de fujets; la première en réuniroifc
12,000,000
îa
Pruffe unie à la Pologneen impoferoit à laRuffie, et contribuerait à mainte-nir enpaix cettepuiffance redoutable
....
Enfinl'Empereurn'apresque quecefeut moyen decon- penferlapertedesPays-bas; l'acquifition de la
Silé-
lie eCt préférable à touteautreacquifition faite enPologne.
Le Turcaleplus grandintérêt àvoirs'élever unepiiiuanceenPologne, qui faffe diverfionenfa
fa-
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t
faveur;û les deux Cours Impériales feréuniiïoient
contrelui.
Alors,fi cesquatrepuiffances, l'Empire, la PrùffeetPologne, JaRuffie, la Turquie, confen- tentà vivreenpaix, elies fe trouventrenfermées dans de juftes limites qui doiventenaiïurerla dur rée. Si elles fedivifent,ellespeuventfe teniren équilibre; et leurs forces égales fai fantcraindre l'incertitude desguerres; les guerresen devien- droietit moinsfréquentes.
La Suéde etle Dannemark concourreroient auiïïà maintenir cettebalance, et elles auroient moinsàcraindrel'influencedela Ruffie.
La Tranquilité n'enferoit pasmoinsaflureè au mididel'Europe.
Jamais
laFrancen'aurad'intérêt à palier les Pyrennéesetles Alpes,etiielle préten- doittropinfluer fur les paysaudelà deces mon- tagnes,l'Angleterre farivale,rétabliroit bientôt la balance.L'Allemagne placée aucentre del'Europe fe- roit la communication du nord etdu midipendant la paix;et unebarrière utile en casdedivifion. La conftitution del'Allemagne divifée entant depeti- tesfouverainetés
,
larendplus amie delà paix,et rarementlaguerre deviendraitgénérale enEurope.
Mais ilferoit néceffaire dans ceplan, que la Prude
etl'Empereur n'enflent plus de frontières commu- nes aveclaFrance. Dans le fyftéme établi, lerot
de
Pruffe
doit déjà céder lesprovinces deWeftpha- lie;maisil faudroitencorque l'Empereuréch.an-
galeBrisgau etles enclavesdeSouabe. Pour le bonheur des peuples,onnepeuttropéloigner des voifins qui fe font fi fouvent égorgés-Que
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Quel'onnerépète pointcettemaxime odienfe quenousayonsfnffifammentréfutée, qu'il eft utile à l'Europe,que l'EmpereuretlaFranceayentquel- ques poffeffions voifines pour fe tenir enéquilibre.
FauMi
que lespeuplesdelaBohème, dela Hongrie, viennent verfer leur fangcontrelaFrance,parce- quel'Autriche confervera le petit pointduBrisgau dans fon voifinage? L'équilibre feroit fuffifamment maintenu dans lenord;ille feroit auffi danslemi- di,etl'Allemagneferoit,fuivant lesoccafions,uncentreheureuxderéunion, ou un mur dedivifion.
Nousneparlonspoint icidel'Angleterre,par- ceque fes intérêts nefont pointdepacifier le con- tinent,mais deletroubler;etque legouvernement Britannique fe foucie fort peu quela guerredéva-
jftel'Europe, pourvu qu'elle enfaïïele commerce
. ...Si le fyftéme des limites naturelles avoitlieu,
etquelaFrance s'étendît jusqu'auRhin;devenue plus puiffante, elle attireroit l'attention principale desAnglois fur lamer; et les Anglois trouble- roient moins le continent.
Enfin laFrance vient deconquérir la
Hollande.
Toute l'Europe ales yeuxouvertsfur l'influence
qu'elle
y prétendra. Sa conduite fixera l'opinion. ....La Francepeutgardertonteslesplacesd'Ou-
tremeufe etRhin,mêmeNimegueetBomtnel,afin de parvenir àdeslimitesnaturelles; mais elle doit fuivre enversles hollandois une conduite auffi fage, que l'auciengouvernementde france Fatenueavec îaSuiffe.Elle doit faire enforte quelaHoîîandecon- ferveuneneutralité auffi bien prononcée. Cetteneu- tralité lui feroit plusavântageufe qu'une alliance dé-
fenfive. Voila
15
Voilà les vrais intérêts des peupleset
confè-
quemmentdes fouverains. Mais s'ilfe trouvoitquel- queroi
,
quelque maifon fouveraine quife crût lé- zée danscesdifpofitions, nousdemanderons fi fon peuple l'eft aufû,
etalors nous conviendrons que cesdifpofitions font mauvaifes. Mais fi le falutdu peuple eft allure,que le fouverain ne craigne point deluifaire quelque facrifice. LesAutrichiens,les hongrois &c.renoncerontvolontiers à la partie de laGalicieau-delàdesmontsKrapacs;pourquoil'Em- pereur n'y renonceroit-il pas?. . .
eft-ce l'orgueil decommander? mais quandles
fouverains com- pendront ils que c'eft un poids qu'il ne faut point tropaggraveret quipeutles écrafer....
Eft-cel'efpoir de quelque léger tribut? Sesautresétatsne fuffifent-ils pas pour entretenirla fplendeur dutro- ue?Quen'aurok-onpasàdire,ïil'on expofoitl'em- ploidesrevenus publics,dans tousles états
..
.?Enfince nefont pas les nations qu'il faut divifer pour les fouverains;cefontles fouverains dont il faut régler lenombre, enraifon decelui des na- tions. Peuples, connohTez cesgrandesvérités, et
faites les parvenir jusqu'aux trônesde ceux qui vousgouvernent.
Peut être l'amour du bien public nous égare, peut être nousfommes aveuglés par le défir trop ardent d'une paix folide & durable, d'une paix jufte & fondée enfin fur des principes. Mais que les fouverains nous paroiffent coupables, s'ils refufent de faifir les circonftances uniques, où fe trouvel'Europe
,
& qui nereparoitront peut-être pas de plufieurs fiècles: de déterminer enfin les Hui-limites naturelles des peuples
,
&de fatisfarre les prétentions detousles fouverains, fans nuire aux intérêts d'aucun! qui nous donneraunevoix affez forte pour nousfaire entendrejusquàla demeure desRois;pour forcer les barrières impénétrables qui empêchent la vérité de leur parvenir; pour terraiTer les préjugés, l'orgueil, la fauiTe politique quilesenvironnent! à quel fouverain préfenterons-kousavecconfiance ceplan de pacification, &
demanderons-nous d'employer fes forces pour le faire adopter?, faut-il évoquer votre ombre, o Henri,vous,enqui l'amourdespeuples l'emportoit fur les autres grandes qualités; vous que l'on nommeplus volontiers encor le Bon -Henri que Henri-ie-Grand? Si la providencevouseutrefervé dans cestems; fi des moyens auïïifaciles fefuffent préfentés pour procurer à l'Europeunepaix jufte
&durable,objetdevos voeux & de vos projets;
ah! c'eft vous quenous aurions imploré; c'eft
votrefranchife &votreloyauté que,nous aurions invoquées; iln'eutpas fallu chercher à
émouvoir
votrecoeur;lavile d'unbonheur certainpour vo-
trepeuple, pourtousles peuples l'eut auffitôtat- tendri;vouseuffiez communiqué àtousles fouve- rains cetamourdeshommes quivous,embrafoit;
nous verrions naîtreles années d'une paix éternelle.
François, ce futle voeu du meilleurde vosrois;
Vous, quiètes dépofitaires de fon autorité, c'eft àvous à le remplir; vousen devez compte à la France,à l'Europe, àl'Univers.
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