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La Situation politique du Mouvement ouvrier en Bosnie et Herzégovine

Mémorandum du Comité central du Parti Socialiste de Serbie On sait que le traité de Berlin a placé la Bosnie et l’Herzégovine, à l’égard de l’Autriche-Hongrie, dans la situation d’une colonie.

Les circonstances dans lesquelles ces provinces ont été placées sous la tutelle de l’Autriche-Hongrie ont eu comme conséquence

naturelle, dès le début, que la situation de ces pays en tant que colonies, a été extraordinairement difficile. Les tentatives du peuple de ces provinces, accessible à la civilisation, de se libérer de la domi­

nation turque et de l’économie féodale, le mirent sous le joug d’un Etat capitaliste disposant de tous les moyens modernes d’oppression.

L ’asservissement sous la domination d’un Etat féodal, qui semblait devoir mourir de dépérissement, était remplacé par les chaînes d’un Etat industriel moderne. Ce fut dans une telle situation d’esprit, confi­

nant au désespoir, que les nouveaux maîtres trouvèrent le peuple dans les colonies où, d’après le traité de Berlin, ils avaient pour mission de rétablir l’ordre et la sécurité. Ils envahirent avec des régiments retirés de leurs autres provinces des territoires occupés dans le but, d’une part, de réprimer la révolte, d’autre part, d’isoler les nouveaux esclaves, non seulement de leurs co-nationaux libres du Monténégro et de la Serbie, mais même des populations apparentées à moitié libres de Dalmatie, de Croatie et de Slavonie. Le régime turc tut remplacé par une dictature féroce, par un système d’administration qui n’est toléré, d’après le droit des gens, qu’en pays ennemi et l’occupation, furent changées en deux casernes austro-hongroises, dans lesquelles on n’entendait que le commandement du maître.

A côté des Serbes de confession orthodoxe, qui avaient tenté d’abattre le régime turc, les nouveaux maîtres trouvèrent naturelle­

ment chez les Mahométans une attitude également hostile, et celle-ci était d’autant plus décidée que le gouvernement blessait plus vivement les sentiments religieux du peuple. L a nécessité de moderniser les colonies au point de vue administratif eut pour conséquence que toute l’administration tomba aux mains des fonctionnaires catholi­

ques, qui étaient complètement étrangers au peuple. Par là, le cléri­

calisme obtint une situation dominante et privilégiée dans les colo­

nies. Sa forte organisation, d’après le modèle militariste, et son désir d’abêtir le peuple, pour pouvoir l’exploiter plus facilement, fit du cléricalisme un puissant allié pour le gouvernement. Il provoqua l’antagonisme religieux et il atteignit par là le but poursuivi, qui était de mettre à l’arrière-plan l’idée de la libération nationale. C’est là la cause pour laquelle le cléricalisme, au cours des temps, s’identifia avec l’administration militaire et bureaucratique de la Bosnie et de F Her­

zégovine. Les fonctionnaires, dans ces colonies austro-hongroises, sont totalement étrangers aux peuple, aussi bien au point de vue religieux qu’au point de vue national et linguistique.

L ’antagonisme religieux a donc eu pour mission de jouer son rôle au commencement de l’occupation, et il l’a bien joué. Mais, entre­

temps, la fermentation capitaliste se fit sentir et plus ce procès atta­

quait la vie primitive et plus faible devenait l’antagonisme religieux qui,1 de plus en plus, dut céder le pas à la conquête de la liberté poli­

tique. Aujourd’hui le prolétariat de la Bosnie et l’Herzégovine s’est tellement développé, qu’il essaie de conduire une lutte organisée contre l’exploitation capitaliste, dont l’administration de Bosnie, dans ses entreprises de rég e, constitue un exemple typique. Les droits politiques, comme le droit de coalition, le droit de réunion, la liberté de la presse, sont les artères qui révèlent la poussée de la saine vie populaire. L ’attribution de ces libertés au peuple de la Bosnie et l’Herzégovine, accessible à la civilisation, ne serait pas seulement la fin du régime militaire et bureaucratique, mais encore la limitation de l’exploitation sans vergogne dont souffrent les travailleurs. C’est pour ce motif que l’administration militaire et bureaucratique de ces colonies a trouvé un motif général pour étouffer tout mouvement de pourrait avoir pareil caractère, mais uniquement afin d’étouffer tout réveil de la conscience nationale au sein de la population de Bosnie et l’ Herzégovine, réveil qui n’est qu’une conséquence du changement de la conjoncture. Pour le régime militaire et bureaucratique de Bosnie et d’Herzégovine, soutenu par le capitalisme et les serviteurs du capitalisme, la fin justifie tous les moyens. C’est ainsi que tout mouvement, ayant pour but d’obtenir des droits politiques, est réprimé par tous les moyens, afin de tenir le peuple sous la dépen­

dance, alors qu’il possède, au pis aller, autant de dispositions pour la vie civilisée que les autres peuples libres des Balkans.

Par suite de l’attitude tendancieuse de la presse bourgeoise de Vienne, qui est tonjours inspirée par ceux qui sont responsables de la situation en Bosnie et Herzégovine, il n’est pas un peuple au monde sur lequel l’Europe soit plus mal et plus incomplètement informée.

Nous avons malheureusement dû constater souvent que les informa­

tions tendancieuses et généralement fausses de la presse bourgeoise sont partiellement reprises, même par les organes de la presse socia­

liste. La cause en est que la Bosnie et l’Herzégovine sont quelque peu étiangères à nos camarades d’Autriche et de Hongrie, tant au point de vue géographique que sous le rapport linguistique.

D’après ce qui nous a paru, nos camarades d’Autriche ne connais­

sent principalement le problème de Bosnie et d’Herzégovine que d’après les rapports du gouvernement bosniaque et les informations de la presse bourgeoise. Nous croyons même que c’est parce que nos camarades d’Autriche n’ont pu contrôler les informations, venant

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de Bosnie-Herzégovine, qu’ils ont publié des informations inexactes, reprises alors à leur tour par d’autres organes socialistes et, de cette manière, il a pu se former dans les milieux socialistes une conviction, invoquée notamment par le camarade Bernstein, dans ses études sur la question coloniale, et qui, malheureusement, ne répond pas à la réalité.

C ’est pour ses raisons que le parti social-démocrate de Serbie se voit obligé de faire la présente déclaration au Bureau Socialiste Inter­

national, avec prière de la transmettre à tous les partis affiliés. Par là, nous poursuivons le but d’attirer l’attention du prolétariat interna­

tional sur l’état de fait qui existe dans les territoires d’occupation. En même temps, nous prions les camarades d’Autriche de désigner, si possible, un correspondant permanent pour la Bosnie et l’Herzé- govine, qui pourrait étudier de plus près les conditions des territoires d’occupation, car en Bosnie et Herzégovine se trouvent toutes les conditions favorables à un développement normal du mouvement ouvrier moderne.

Pour le Comité central du Parti socialdémocrate de Serbie Le Secrétaire,

T A T Z O V I T S Belgrade, 21 août 1908.

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